vendredi 14 mars 2008

Réflexion sur le texte d'Abattoir

Un mot que je souhaite ajouter à tout ce qui a été si bien analysé touchant la représentation, le son, l'éclairage, la gestuelle, le travail des acteurs. Je suis en plein accord avec tout cela. C'est le texte qui m'a intéressée, et la façon dont il est traité: le témoignage des ouvriers qui aurait pu rester documentaire -en quoi il existait déjà pleinement- devient ici texte proféré. Il devient objet littéraire par une diction mate, sans la résonnance exhaussée d'une émotion explicite; mais aussi par une diction déliée, classique qui déploie les paroles et les pose, entières, dans une respiration régulière et forte. On parlera de minimalisme, et c'est juste si l'on considère le travail d'épure et de stylisation qui aboutit à une telle force: comprimer le ressenti dans le discours pour qu'il se transmette et se libère entier dans l'intériorité du spectateur, lui impose que se lève en lui sa propre émotion. Alors, le texte, servi avec autant de respect, devient un lien actif entre ceux qui l'ont produit et ceux qui le reçoivent.

Nicole

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