vendredi 30 mai 2008

Le théâtre et la psychologie, même combat!




Anne Courpron a accepté de répondre, entre deux répétitions, avec humour mais en toute sincérité à cette interview vérité au sujet de son premier spectacle, « N’ayons pas peur des mots ». C’est LE premier entretien qu’elle accorde et vous en avez l’exclusivité.

Court Toujours : « N’ayons pas peur des mots » est votre premier spectacle en tant qu’auteur, metteur en scène et interprète. Qu’est ce qui vous a donné envie de vous lancer ce défi ?
Anne Courpron : Il y a deux ans, j’ai joué dans un monologue et je garde un très bon souvenir de cette expérience. J’ai apprécié l’interaction avec le public. D’autre part, Jean Boillot m’a invitée et fortement encouragée à créer mon propre spectacle ce qui d’ailleurs me flatte et me terrifie !

Quel est votre état d’esprit à quelques jours de la représentation ?
Je suis stressée car c’est une première pour moi. Cette fois je me livre totalement à travers ce spectacle. J’ai forcément peur de l’échec.

Appréhendez-vous la réaction du public ?
Je la redoute et en même temps je cherche à faire participer le public. Il n’y a pas deux représentations identiques, chaque représentation d’un spectacle a sa propre magie et la réception est différente selon le moment.

« N’ayons pas peur des mots » qu’est ce qui se cache derrière ce titre ?
Le personnage principal est une psychologue conférencière en pleine séance dédicace de son dernier ouvrage. A travers cette pièce, je souhaite dénoncer l’abus de la psychologie dans notre monde contemporain. Les psychologues apparaissent comme des vedettes qui nous disent comment penser. Mais la question primordiale est de savoir s’ils sont de véritables professionnels.

Vous dressez une caricature des psychologues, cela relève-t-il d’une mauvaise expérience personnelle ?
Pas du tout. Au contraire, je suis moi-même assez sensible à la psychologie : j’explique tout, je trouve toujours une réponse psychologique. Ce spectacle est mon contraire, c’est de l’autodérision. Tout le monde s’approprie la psychologie et elle devient accessible à tous. Les gens ressentent de plus en plus le besoin d’entrer en contact, de se réunir, de parler de leurs problèmes et de trouver des solutions. Mais ce qui me gêne c’est l’excès de l’utilisation de la psychologie au quotidien ou son mauvais emploi.

Vous auriez aimé être psychologue ?
J’ai beaucoup de respect envers ces professionnels qui écoutent les souffrances des gens. C’est dur à gérer j’imagine. J’aime rencontrer et discuter avec des personnes mais je ne sais pas si j’ai cette force pour faire ce métier. J’aurai voulu essayer juste un jour, faire un « Vis ma Vie » !

Vous abordez également le thème de la relation mère enfant, pourquoi ce choix?
La psychologie trouve sa source dans l’enfance, dans la relation parents enfants. Le thème du festival Court Toujours étant la monstruosité j’ai également voulu créer un personnage qui se place contre les mères et ne les idéalise pas, un personnage qui apparaît inhumain. En somme je me suis demandée qui était le monstre entre les mères matricides et les psychologues qui tiennent ce discours au sujet de ces dernières.

Dans quel état d’esprit faut-il être pour venir vous voir jouer ?
Ce spectacle est à prendre avec humour bien que je parle de choses sérieuses. Je ne dénigre absolument pas les psychologues, il en faut. Mais je vous invite à passer un moment léger et agréable. Je vous offre une petite bouffée d’oxygène.

Vous êtes seule sur scène, est ce qu’on peut parler de one woman show ?
Je m’adresse directement au public, je suis placée dans le hall du centre de Beaulieu. Le décor est simple, avec peu d’accessoires, il n’y a pas de musique. Ce spectacle peut en effet être qualifié de one woman show, stand up et de monologue bien que je ne parle pas de moi, il y a une grande distance et une invention entre moi et mon personnage. C’est un savant mélange !

Est-ce que c’est un exercice difficile ?
C’est difficile mais c’est surtout un plaisir. Dans ma formation j’ai beaucoup apprécié jouer en petit comité. Voir la réaction en live du public est un avantage et amène forcément le comédien à improviser. Dans ce genre de spectacle, il y a moins de convention (pas de scène réelle, pas de rideau, pas de lumière) et moins de repères que dans le théâtre traditionnel.

Vous avez travaillé avec François Martel, comment s’est passée cette collaboration ?

François Martel a été un regard artistique et extérieur. Il m’a guidé et aidé dans la mise en scène et pour l’écriture. Nous nous connaissons depuis longtemps. Nous sommes deux anciens élèves du Conservatoire de Poitiers. Une vraie complicité artistique nous lie.

Vous êtes originaire de Poitiers est-ce que le fait de jouer dans cette ville vous déstabilise ou au contraire vous rassure ?

C’est un véritable test pour moi. J’essaye d’avoir confiance et de me dire que cela se passera bien. Mais c’est plus impressionnant quand il y a des gens que l’on connaît dans la salle car ils arrivent à deviner ce que vous avez réellement mis de vous dans la pièce.

« N’ayons pas peur des mots » est une création Court Toujours mais est-ce que vous pensez continuer à jouer ce spectacle en dehors de ce festival ?

Si tout se passe bien lors du festival Court Toujours et si je m’en sors vivante, oui j’aimerai rejouer cette pièce. Elle peut s’adapter facilement grâce à sa forme courte (20 minutes) et ainsi être jouée avant un spectacle ou dans le cadre d’un autre festival.

Avez-vous d’autres projets en cours ?
Oui je suis en pleine répétition d’une pièce de Copi, « Le Frigo » qui sera jouée le 20 juin, à 21 heures, à l’Auditorium de Saint Germain. C’est Rodolphe Gentilhomme qui m’a demandé d’être le metteur en scène et le regard extérieur mais je ne joue pas. C’est un univers fou et magique et un spectacle très théâtral.

Vous avez fait de la radio, du théâtre et des courts métrages, est ce qu’il y a encore un domaine que vous n’avez pas encore essayé et qui vous séduit ?
Je ne sais pas, vous avez quelque chose à me proposer ?! En tout cas je ne regrette rien. Chaque projet réalisé m’a appris un peu plus. A la radio, je ne suis plus qu’une voix, pas de visage ni de corps et c’est important quand on est comédien de travailler sa voix. L’assistanat mise en scène m’a permis d’observer, d’agir et de comprendre comment se créé un spectacle, les relations entre le metteur en scène et les comédiens. Enfin mon expérience de comédienne m’a donné l’occasion de passer de la phase de création et recherche à une deuxième phase, celle avec le public que l’assistant metteur en scène ne vit pas. Malgré la diversité de ces domaines, ils relèvent tous de la créativité artistique et d’un moment d’échange et de partage. Le théâtre, comme la psychologie d’ailleurs, est une matière qui nous parle de la nature humaine.

N'ayons pas peur des mots, au festival COURT TOUJOURS, le vendredi 6 juin à 19h05 et 22h50


jeudi 29 mai 2008

Le Rire du Roi

CONTE. Achille Grimaud nous propose une création originale : Le Rire du Roi.

COURT TOUJOURS : Dans le programme vous êtes annoncé comme un conteur. Quel est votre rapport au conte ?

ACHILLE GRIMAUD : Je raconte mes histoires comme des nouvelles. J’ai été influencé par des auteurs comme Dino Buzatti, Roald Dahl ou Guy de Maupassant. Je reste fidèle à la structure littéraire mais l’oralité prend le dessus.

Pourquoi avoir préféré la forme du « conte d’animation » à la forme classique ?

Quand j’ai commencé à raconter le Rire du Roi, on me disait que c’était mon histoire la plus imagée. J’ai donc collaboré avec la peintre Gaële Flao pour l’illustrer. Comme je suis un inconditionnel des films d’animations, je pensais n’en faire qu’un court métrage. L’idée a ensuite évolué vers quelque chose de plus interactif. Comme au temps des frères Lumières, où le narrateur commentait en direct. C’est un spectacle vivant.

Vous considérez-vous plus comme un cinéaste ou comme un troubadour ?

Comme un cinéaste troubadour. J’ai envie de raconter coûte que coûte. Je peux utiliser toutes les méthodes de narration possible pour défendre une histoire, je suis un « histoirien ».

Pouvez-vous nous dire en quelques mots ce que vous allez nous donner à voir ?

Le film, muet, s’accompagne d’une création musicale. La voix est au service de l’histoire. Mais peu à peu on ne sait plus si c’est le conteur qui anime l’image ou si c’est l’image qui anime le conteur. Ce sont dix minutes très intensives pendant lesquelles je suis à cent à l’heure. C’est un personnage qui en bave, on en vient même à se demander si je suis conteur, comédien, ou complètement fou. C’est un challenge, j’utilise le même micro que les chanteurs de rock. Ce défi c’est un peu une question de survie. Le but est d’envoyer les spectateurs sur une autre planète, au royaume de l’angoisse.

Le royaume de l’angoisse ou du rire ?

Le rire est ambigu, on peut pleurer de rire, le rire peut aussi sauver une situation. Il peut être glacial. Pour moi le rire et l’angoisse sont deux choses communes. Ici, le Roi rit tellement fort qu’il décapite ses fous.

Ce spectacle est-il aussi parlant pour les enfants que pour les adultes ?

Tout à fait, j’ai toujours fait en sorte d’offrir un double niveau de lecture. Je veux que chacun puisse apprécier le spectacle à sa manière. L’intérêt est de pouvoir découvrir des choses à chaque représentation sans se lasser.

Gaële Flao est-elle sur scène durant le spectacle ?

Non, elle n’est pas présente. Elle interviendra sur la prochaine création…

Donc, des projets en cours ?

Oui, et on verra Gaële peindre en direct. Ce sera une sorte d’hommage aux premiers films d’animation où les images fixes créeront peu à peu le mouvement.
Pour le Rire du Roi, un livre-dvd est en projet.

Vous situez-vous dans la thématique du monstrueux ?

Complètement. Les plus angoissés sont les parents qui se demandent « est-ce que j’ai bien fait d’emmener mon enfant ici ? » Le spectacle est conseillé pour les enfants à partir de six ans. Les plus jeunes peuvent être effrayés par l’ambiance et surtout par ma voix. Les dessins ont une dimension cruelle, on est complètement dans la monstruosité. On a utilisé plusieurs techniques d’animation dont la peinture animée, que les gens n’ont pas l’habitude de voir, et ça les surprend. C’est dérangeant.


Un spectacle d’une dizaine de minutes, à voir absolument !

Dimanche 8 17h05/17h30/18h20/18h55/19h20

Pour l'atelier d'écriture journalistique
Amélie Rolle
Jérémy Valladon
Mona Chardin

mardi 27 mai 2008

Convergence 1.0


CRITIQUE - Convergence 1.0 Adrien Mondot, présenté du 22 au 24 mai à Beaulieu

Sous l'emprise des balles

Piégé derrière un écran un peu flou, Adrien Mondot s'éveille, seul. Dans ses mains, naît bientôt une balle blanche.
L'artiste et l'objet, muets, se mettent à vibrer sur les accords lancinants du violoncelle tapi dans l'ombre. Très vite, la jonglerie devient chorégraphie, une image informatique s'insinue lentement dans ses ondulations, emplit finalement l'espace en s'agrippant à l'écran. Les balles virtuelles éclosent, se multiplient, et se joignent au ballet. Dès lors, il s'agit d'un duo, s'accordant puis se défiant, entre Adrien Mondot et ce personnage numérique, insaisissable, immatériel, mais omniprésent.
Le jeu entre l'artiste et ce monde d'images vivantes questionne, est-ce l'homme qui agit sur le virtuel, ou bien le virtuel qui tient l'homme sous son emprise..? Le jongleur regarde son monde se dessiner dans cet espace obscur, il y évolue avec aisance. Il orchestre et danse, dirige et subit. L'écran gêne parfois, on cherche à saisir ce qui respire et vit au sein de ce souffle mécanique inébranlable. Car si la musique, par moments, se tait, laissant la violoncelliste dans le noir, le silence n'est jamais absolu. Le personnage numérique respire par de légers grésillements, des sifflements, laissant s'exprimer certains des battements de son coeur fictif.
Lorsque l'homme redevient maître de sa création, on est néanmoins happé avec lui dans le tourbillon des balles virtuelles qui réagissent aux sons, aux gestes qu'il leur adresse. L'illusion éveille en nous l'enfant qui, lui aussi, voudrait échapper à l'emprise de la pesanteur, jouer avec ces bulles vivantes. Le corps de l'artiste est mis en scène avec la même souplesse que son environnement rebondissant, mais on est avant tout frappé par le jeu des mains, sans cesse en mouvement.
Convergence 1.0 appelle la contemplation du spectateur, complice de la moindre esquisse imaginaire de l'artiste. Il n'est pas nécessaire de se creuser la tête; pour que la magie opère, seuls comptent l'innocence et la capacité d'émerveillement de l'oeil hypnotisé, dupé par ces effets d'optique. Il faudra donc également penser à ne pas se placer trop près de la scène, afin de réellement profiter de l'illusion...

Mona CHARDIN /
L'atelier d'écriture journalistique

lundi 26 mai 2008

Makadam Kanibal

ARTS DE LA RUE – Makadam Kanibal jouera son Cirque des curiosités place de la Mômerie à Beaulieu dans le cadre de « Court Toujours »

Un curieux couple

C’est un drôle de couple que le festival « Court Toujours »va accueillir à Beaulieu. Des mangeurs d’enfants vont investir la place de la Mômerie. Devinez qui aura le plus peur, des parents ou des enfants…

Passés au Festival des Expressifs il y a trois ans, le couple à la vie comme à la scène de la Cie « Makadam Kanibal » revient à Poitiers pour dévorer le festival « Court Toujours ».
Dans le spectacle, Elodie Meissonnier et Jean-Alexandre Ducq sont un couple de cannibales qui arrêtent de manger des enfants, du moins qui essayent de changer malgré les tentations, telle une maladie qui consume de l’intérieur et dont on ne peut s’échapper. Jean-Alexandre Ducq précise qu’il s’agit d’« une histoire d’amour, entre un consanguin et sa femme enceinte, dans laquelle l’un ne va pas sans l’autre avec peu de paroles qui restent de l’ordre des gémissements et des mots mâchés ».
Le spectacle est visible à tout âge. Jean-Alexandre Ducq juge important de faire un travail sur la peur très jeune « pour le mental, pour se construire ». Car beaucoup trop de spectacles protègent les enfants, il souhaite justement « ne pas mentir aux enfants par une volonté d’afficher une réalité crue ».

Attraction répulsive

Le spectacle s’inspire des expériences du couple. Ainsi, le contenu du spectacle rejoint l’expérience d’Elodie, qui s’est occupée d’enfants handicapés, « par la tolérance, l’acceptation de l’autre ». Le spectacle s’intègre également dans la thématique du festival par le fait que « les personnages du spectacle sont des êtres atypiques également et différents de la normale ».
Jean-Alexandre Ducq a commencé par faire la manche puis s’est mis à cracher du feu dans la rue où il a connu plusieurs situations. Il s’est mis au fakirisme pour connaître ses limites en commençant notamment par la performance. Selon lui, « l’amour et le fakirisme sont très liés car ce sont deux choses où l’on ne peut mentir ni tricher. Soit on accepte, on prend sur soi, soit ça ne marche pas ».
Provocateur de nature, il cultive le paradoxe de la répulsion et de l’attraction.
Depuis son précédent passage à Poitiers, le spectacle a voyagé en passant notamment par la Belgique, l’Espagne, la Slovénie, le Mexique ou encore la Jordanie. Le couple ne souhaite pas abandonner le spectacle qui connaît un franc succès mais en prépare toutefois un autre pour fin juillet à Annecy.

Jérémy VALLADON


A savoir : le spectacle sera visible dans le cadre du festival « Court Toujours », place de la Mômerie
- le samedi 7 juin à 20h40 et 22h20
- le dimanche 8juin à 17h30 et 19h20
Gratuit.

Qu'est ce que l'atelier d'écriture journalistique?

Quand les balles s'en mêlent

Prenez trois balles, un jongleur et un programme informatique et vous obtenez le point de convergence entre deux mondes : le virtuel et le réel. Adrien Mondot, jongleur talentueux, nous invite aux confins de la frontière virtuelle et réelle et s’amuse à y perdre le spectateur. Il nous révèle un talent incroyable de jongleur face à une salle comble. Le silence de départ et la solitude de l’homme est rapidement rompu par l’irruption d’une balle et la musique qui se fait plus intense. L’artiste s’éloigne de la jonglerie classique en introduisant des balles virtuelles, grâce à la magie informatique. Enchaînant avec habileté les tableaux chorégraphiques, l’artiste nous embarque dans un univers où il est quelquefois difficile de le suivre. Orchestrées par les coups d’archer de la violoncelliste, les balles, loin d’être des accessoires, créent successivement des figures, des hommes, des vibrations. Le tout forme un ballet aérien et mystérieux entre l’homme et ses balles. Le jongleur se retrouve à la fois maître et victime, pourchassé par ces compagnes de jeu elles-mêmes qui le prennent pour cible. Adrien Mondot et la violoncelliste, Veronika Soboljevski, se retrouvent comme pris au piège de leur propre symphonie, tentant de garder le contrôle puis finalement se laissant porter par les créations des balles. Ce spectacle visuellement magnifique et déconcertant est à la fois une prouesse physique et également technique. On embarque ou non dans ce jeu de jonglerie qui a parcouru le monde pour faire découvrir une autre vision de cet art, où les balles se suffisent à elles-mêmes et volent seules.

Julie Sicot / atelier d'écriture journalistique

Atelier d'écriture journalistique de Court Toujours

7 jeunes journalistes en herbe ont rejoint la préparation du festival Court Toujours pour couvrir les spectacles programmés.

Ils ont rencontré et eu des entretiens téléphoniques avec certains des artistes pendant le stage encadré par Marion Valière Loudiyi (journaliste professionnelle) des 22 et 23 mai et nous livrent leurs avant papiers, sous forme d'article ou d'interviews.

Sont disponibles en ligne:

- Makadam Kanibal pour Le Cirque des curiosités ( ici et ou encore )

Bientôt disponibles:

- Anne Courpron pour N'ayons pas peur des mots
- Anne Théron et Claire Servant pour Abattoir
- Achille Grimaud pour Le Rire du Roi

Makadam Kanibal

ARTS DE LA RUE – La compagnie Makadam Kanibal présentera son Cirque des Curiosités à Court Toujours le 7 et 8 juin

Le paradoxe de l’amour cruel

Jean Alexandre Ducq, qui appartient à la compagnie Makadam Kanibal, est des créateurs du Cirque des Curiosités. Il nous livre quelques secrets de cet étonnant spectacle avant qu’il ne soit présenté, gratuitement, au festival Court Toujours le samedi 7 juin et le dimanche 8 juin à Beaulieu.

Court Toujours : Makadam Kanibal c’est assez effrayant comme nom de compagnie ! Votre spectacle est-il dévorant ?
Jean Alexandre Ducq : Le nom de la compagnie correspond à la description même du spectacle : nous sommes des cannibales et nous adorons manger les petits enfants. C’est une véritable drogue : nous essayons de nous contrôler et d’arrêter mais nous n’y parvenons pas et nous rechutons.

Votre spectacle devrait peut-être être déconseillé aux jeunes enfants et aux personnes sensibles ?
Absolument pas, le Cirque des Curiosités est ouvert à tout le monde. Mais le regard porté sur la représentation est différent selon que l’on soit un enfant ou un adulte. Finalement, les parents réagissent mal et sont plus choqués que les jeunes. On a voulu délibérément travailler sur la peur des enfants, leur faire voir la vie et ses horreurs, les sortir de leur carcan. Notre spectacle n’est pas plus violent que le Petit Chaperon Rouge ou les contes de Perrault !

Comment se présente votre Cirque des Curiosités ?
C’est une histoire d’amour cruel, l’un ne va pas sans l’autre. Il n’y a pas beaucoup de paroles, seulement des gémissements et des mots mâchés. Mais je laisse aux gens le choix de définir eux même ce spectacle.

Vous avez une formation assez atypique : vous avez fait du body art, du body suspension, ect. Tandis qu’Elodie Meissonnier s’occupait d’enfants handicapés. D’où est venue l’idée de collaborer ensemble sur ce projet ?
Cela s’est fait tout naturellement et s’est imposé comme une suite logique. Nous avons débuté par la performance pure. Mais cette fois on a choisi de raconter une histoire et de la mêler à des techniques de fakirs. Le travail d’Elodie a été nécessaire à l’élaboration du spectacle et souligne la nécessité d’être tolérant, d’accepter l’autre et ses différences.

Pourquoi rapprocher une histoire d’amour de ces techniques assez sauvages voire monstrueuses ?
Que ce soit l’amour ou le fakirisme, c’est la même chose. On ne peut ni tricher ni mentir. Soit on prend sur soi pour faire en sorte que cela fonctionne, soit on abandonne. On a cherché à travailler sur le paradoxe de l’attraction répulsion.

Vous devez susciter plusieurs réactions différentes dans le public…
Oui, certaines personnes n’hésitent pas à quitter la salle pendant la représentation. Mais c’est aussi cette interaction que l’on cherche : c’est un spectacle de rue dans lequel le public, l’environnement et l’extérieur participent.

Votre spectacle connaît un véritable succès : depuis quand tournez-vous et où avez-vous joué ?
Cela fait trois ans qu’on se produit dans toute l’Europe, en Jordanie, au Mexique, etc.

Avez-vous de nouveaux projets ?
Oui, on prépare une nouvelle création à Annecy en juillet.

Une dernière curiosité de notre part : Elodie Meissonnier et vous êtes-vous un vrai couple ?
Oui, à la vie comme à la scène.


Propos recueillis par l’équipe du festival Court Toujours

Qu'est ce que l'atelier d'écriture journalistique?

Makadam Kanibal

ART DE LA RUE – La compagnie Makadam Kanibal présentera le seul spectacle gratuit et en plein air du festival Court Toujours 2008, Le Cirque des Curiosités.

Méfiez-vous des cannibales

Les acteurs de la compagnie Makadam Kanibal, Jean Alexandre Ducq et Elodie Meissonier se sont livrés à nous dans une interview téléphonique, sans langue de bois et sans détours. Voici l’histoire d’un spectacle qui fait rire les enfants et choque parfois les plus grands.


« Moi j’ai commencé en faisant la manche avec la main» nous dit Jean Alexandre Ducq. Et puis il nous raconte ses découvertes, de cracheur de feu à fakir. Il insiste sur son expérience de la « body suspension » : « je me suis mis quatre crochets dans le dos et on m’a soulevé ». Mais après ses premières élévations corporelles, ce personnage s’est rendu compte que ce n’est pas tant la performance qui fait la force des choses. Il a alors préféré s’essayer au contrôle de soi, d’où sa passion pour le fakirisme. Et puis un jour sa route a croisé celle d’Elodie Meissonier, curieuse de toute forme de communication et humaniste convaincue, notamment dans son travail auprès d’enfants handicapés. A partir de là ces deux électrons libres sont passés du statut de « gens atypiques à un couple atypique », à la scène comme à la vie. Et à deux les idées fleurissent plus vite. Cela fait déjà trois ans qu’est né leur Cirque des curiosités. Armé d’un langage universel, celui des gromolos et des gémissements, ce spectacle a déjà parcouru toute l’Europe et s’est également promené du Mexique à la Jordanie.

N’oubliez pas vos enfants

Pourtant cette représentation de rue ne fait pas toujours l’unanimité. « Il y a toujours une ou deux familles qui partent, la croix ballante », nous confie Jean Alexandre. La représentation est en effet un jeu, toujours entre répulsion et attraction, sur fond d’amour cruel, « car on ne peut pas mentir », et de cannibalisme suggestif. Pourtant les protagonistes ne déconseilleraient pas leur création à des enfants. Ces derniers sont trop protégés selon eux et de toute façon les contes de Perrault ou du Petit Poucet ne sont pas tendres non plus avec nos chérubins. Alors faisons confiance à ce Cirque des curiosités, conservons ses divers niveaux de lecture possible et n’ayons pas peur de ces fakirs, jongleurs de haches, quelque peu bourrus et pourtant si vrais dans leurs sentiments.

Sarah Maquet


Le Cirque des curiosités sera en représentation
les samedi 7 juin à 20h40 et 22h20 et dimanche 8
à 17h30 et 18h20, place de la Mômerie à Beaulieu

Qu'est ce que l'atelier d'écriture journalistique?

En plein dans le mille!

Projecteurs éteints, une silhouette que la solitude semble déchirer apparaît. C’est bien lui, Adrien Mondot, à la tête de ce magnifique spectacle, à la fois metteur en scène et interprète. Initialement chercheur en informatique, il mêle avec brio la technologie et l’artistique avec un jeu d’illusion où le réel côtoie l’imaginaire.
Convergence 1.0 est le genre de spectacle qui vous surprend par son paradoxe. A la fois réel et virtuel, à la fois simple et complexe mais où la frontière entre les deux n’est jamais bien grande. Spectacle du jongleur qui dissimule sa solitude derrière un jeu de balles illusoire ou spectacle de l’informaticien pris au piège par la technologie et qui se renferme sur lui-même? Convergence 1.0, c’est tout ça à la fois, une perpétuelle dualité où le spectateur lutte pour distinguer le vrai du faux, les vraies balles des fausses ; en vain, car l’illusion est grande, troublante… Très vite le spectateur se trouve entraîné dans la danse qui lie l’artiste et sa balle dans une harmonie passionnelle. Il n’y a alors plus de place à la réflexion devant un tel schéma poétique où tout est possible. La balle devient ainsi partenaire de danse sur une musique de Véronika Soboljevski et la solitude semble peu à peu disparaître.
Comment ne pas évoquer la musique, étudiée pour suivre les mouvements fluides de l’artiste et les caresses du jongleur sur ses balles ? Un simple violoncelle qui devient pourtant délice pour l’ouïe.
Tout y est. Mondot est une balle rare, du gros calibre. A croire que tous les avis ne peuvent que converger devant un spectacle aussi réussi et original.

Samia Hasnaoui / Atelier d'écriture journalistique

Convergence vers l'illusion

Convergence 1.0 est un spectacle d’une heure où le jonglage et l’informatique sont au centre de la prestation. Adrien Mondot utilise ces deux matières pour une création inédite et surprenante, accompagné à la musique par Véronika Soboljevski.

Adrien Mondot est en scène, seul face au public. Tout d’un coup, il s’agite comme un fou incapable de contrôler les mouvements de son corps. Puis cette solitude se rompt, une balle de jonglage apparaît, puis deux, trois, etc, et des balles imaginaires se mêlent à ces dernières. Peu à peu le spectateur se perd dans l’ambiguïté entre le virtuel et la réalité. Toutes ces balles réagissent aux pressions du corps du jongleur et à son souffle. Un véritable affranchissement des contraintes corporelles est possible grâce à l’intervention de l’outil informatique. Les balles de jonglage prennent vie et établissent un dialogue et une danse avec le jongleur. Ainsi une réelle harmonie se dessine. Une violoncelliste est tapie dans l’ombre et sa musique suit étroitement la gestuelle du jongleur. Pour clore le spectacle, Adrien Mondot passe de l’autre côté de la toile, il est devant nous en pleine lumière ; désormais il n’y a plus rien qui s’interpose entre lui et son public. Il nous livre ses derniers tours avec des balles transparentes qui reflètent la lumière. Elles semblent léviter dans l’air. Les doigts du jongleur et les balles semblent ne faire plus qu’un.
Ce spectacle féerique et magique plaît à coup sûr aux petits et aux grands. Trois éléments essentiels en constituent la trame et contribuent à rendre encore plus vraie l’illusion : les balles de jonglage, la musique et le jeu des lumières. Néanmoins pour qu’elle soit totale, le spectateur devrait plutôt s’installer en face de la scène. En étant assis sur un des côtés, les tours sont plus visibles et le spectacle perd de sa magie et de son charme. Convergence 1.0 est bien plus qu’un numéro de cirque ou de prestidigitation. Cette représentation offre un subtil mélange de réalité et d’illusion, de compétence humaine, artistique et informatique.


Stéphanie Delaitre / Atelier d'écriture journalistique