mardi 27 mai 2008

Convergence 1.0


CRITIQUE - Convergence 1.0 Adrien Mondot, présenté du 22 au 24 mai à Beaulieu

Sous l'emprise des balles

Piégé derrière un écran un peu flou, Adrien Mondot s'éveille, seul. Dans ses mains, naît bientôt une balle blanche.
L'artiste et l'objet, muets, se mettent à vibrer sur les accords lancinants du violoncelle tapi dans l'ombre. Très vite, la jonglerie devient chorégraphie, une image informatique s'insinue lentement dans ses ondulations, emplit finalement l'espace en s'agrippant à l'écran. Les balles virtuelles éclosent, se multiplient, et se joignent au ballet. Dès lors, il s'agit d'un duo, s'accordant puis se défiant, entre Adrien Mondot et ce personnage numérique, insaisissable, immatériel, mais omniprésent.
Le jeu entre l'artiste et ce monde d'images vivantes questionne, est-ce l'homme qui agit sur le virtuel, ou bien le virtuel qui tient l'homme sous son emprise..? Le jongleur regarde son monde se dessiner dans cet espace obscur, il y évolue avec aisance. Il orchestre et danse, dirige et subit. L'écran gêne parfois, on cherche à saisir ce qui respire et vit au sein de ce souffle mécanique inébranlable. Car si la musique, par moments, se tait, laissant la violoncelliste dans le noir, le silence n'est jamais absolu. Le personnage numérique respire par de légers grésillements, des sifflements, laissant s'exprimer certains des battements de son coeur fictif.
Lorsque l'homme redevient maître de sa création, on est néanmoins happé avec lui dans le tourbillon des balles virtuelles qui réagissent aux sons, aux gestes qu'il leur adresse. L'illusion éveille en nous l'enfant qui, lui aussi, voudrait échapper à l'emprise de la pesanteur, jouer avec ces bulles vivantes. Le corps de l'artiste est mis en scène avec la même souplesse que son environnement rebondissant, mais on est avant tout frappé par le jeu des mains, sans cesse en mouvement.
Convergence 1.0 appelle la contemplation du spectateur, complice de la moindre esquisse imaginaire de l'artiste. Il n'est pas nécessaire de se creuser la tête; pour que la magie opère, seuls comptent l'innocence et la capacité d'émerveillement de l'oeil hypnotisé, dupé par ces effets d'optique. Il faudra donc également penser à ne pas se placer trop près de la scène, afin de réellement profiter de l'illusion...

Mona CHARDIN /
L'atelier d'écriture journalistique

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