vendredi 30 mai 2008

Le théâtre et la psychologie, même combat!




Anne Courpron a accepté de répondre, entre deux répétitions, avec humour mais en toute sincérité à cette interview vérité au sujet de son premier spectacle, « N’ayons pas peur des mots ». C’est LE premier entretien qu’elle accorde et vous en avez l’exclusivité.

Court Toujours : « N’ayons pas peur des mots » est votre premier spectacle en tant qu’auteur, metteur en scène et interprète. Qu’est ce qui vous a donné envie de vous lancer ce défi ?
Anne Courpron : Il y a deux ans, j’ai joué dans un monologue et je garde un très bon souvenir de cette expérience. J’ai apprécié l’interaction avec le public. D’autre part, Jean Boillot m’a invitée et fortement encouragée à créer mon propre spectacle ce qui d’ailleurs me flatte et me terrifie !

Quel est votre état d’esprit à quelques jours de la représentation ?
Je suis stressée car c’est une première pour moi. Cette fois je me livre totalement à travers ce spectacle. J’ai forcément peur de l’échec.

Appréhendez-vous la réaction du public ?
Je la redoute et en même temps je cherche à faire participer le public. Il n’y a pas deux représentations identiques, chaque représentation d’un spectacle a sa propre magie et la réception est différente selon le moment.

« N’ayons pas peur des mots » qu’est ce qui se cache derrière ce titre ?
Le personnage principal est une psychologue conférencière en pleine séance dédicace de son dernier ouvrage. A travers cette pièce, je souhaite dénoncer l’abus de la psychologie dans notre monde contemporain. Les psychologues apparaissent comme des vedettes qui nous disent comment penser. Mais la question primordiale est de savoir s’ils sont de véritables professionnels.

Vous dressez une caricature des psychologues, cela relève-t-il d’une mauvaise expérience personnelle ?
Pas du tout. Au contraire, je suis moi-même assez sensible à la psychologie : j’explique tout, je trouve toujours une réponse psychologique. Ce spectacle est mon contraire, c’est de l’autodérision. Tout le monde s’approprie la psychologie et elle devient accessible à tous. Les gens ressentent de plus en plus le besoin d’entrer en contact, de se réunir, de parler de leurs problèmes et de trouver des solutions. Mais ce qui me gêne c’est l’excès de l’utilisation de la psychologie au quotidien ou son mauvais emploi.

Vous auriez aimé être psychologue ?
J’ai beaucoup de respect envers ces professionnels qui écoutent les souffrances des gens. C’est dur à gérer j’imagine. J’aime rencontrer et discuter avec des personnes mais je ne sais pas si j’ai cette force pour faire ce métier. J’aurai voulu essayer juste un jour, faire un « Vis ma Vie » !

Vous abordez également le thème de la relation mère enfant, pourquoi ce choix?
La psychologie trouve sa source dans l’enfance, dans la relation parents enfants. Le thème du festival Court Toujours étant la monstruosité j’ai également voulu créer un personnage qui se place contre les mères et ne les idéalise pas, un personnage qui apparaît inhumain. En somme je me suis demandée qui était le monstre entre les mères matricides et les psychologues qui tiennent ce discours au sujet de ces dernières.

Dans quel état d’esprit faut-il être pour venir vous voir jouer ?
Ce spectacle est à prendre avec humour bien que je parle de choses sérieuses. Je ne dénigre absolument pas les psychologues, il en faut. Mais je vous invite à passer un moment léger et agréable. Je vous offre une petite bouffée d’oxygène.

Vous êtes seule sur scène, est ce qu’on peut parler de one woman show ?
Je m’adresse directement au public, je suis placée dans le hall du centre de Beaulieu. Le décor est simple, avec peu d’accessoires, il n’y a pas de musique. Ce spectacle peut en effet être qualifié de one woman show, stand up et de monologue bien que je ne parle pas de moi, il y a une grande distance et une invention entre moi et mon personnage. C’est un savant mélange !

Est-ce que c’est un exercice difficile ?
C’est difficile mais c’est surtout un plaisir. Dans ma formation j’ai beaucoup apprécié jouer en petit comité. Voir la réaction en live du public est un avantage et amène forcément le comédien à improviser. Dans ce genre de spectacle, il y a moins de convention (pas de scène réelle, pas de rideau, pas de lumière) et moins de repères que dans le théâtre traditionnel.

Vous avez travaillé avec François Martel, comment s’est passée cette collaboration ?

François Martel a été un regard artistique et extérieur. Il m’a guidé et aidé dans la mise en scène et pour l’écriture. Nous nous connaissons depuis longtemps. Nous sommes deux anciens élèves du Conservatoire de Poitiers. Une vraie complicité artistique nous lie.

Vous êtes originaire de Poitiers est-ce que le fait de jouer dans cette ville vous déstabilise ou au contraire vous rassure ?

C’est un véritable test pour moi. J’essaye d’avoir confiance et de me dire que cela se passera bien. Mais c’est plus impressionnant quand il y a des gens que l’on connaît dans la salle car ils arrivent à deviner ce que vous avez réellement mis de vous dans la pièce.

« N’ayons pas peur des mots » est une création Court Toujours mais est-ce que vous pensez continuer à jouer ce spectacle en dehors de ce festival ?

Si tout se passe bien lors du festival Court Toujours et si je m’en sors vivante, oui j’aimerai rejouer cette pièce. Elle peut s’adapter facilement grâce à sa forme courte (20 minutes) et ainsi être jouée avant un spectacle ou dans le cadre d’un autre festival.

Avez-vous d’autres projets en cours ?
Oui je suis en pleine répétition d’une pièce de Copi, « Le Frigo » qui sera jouée le 20 juin, à 21 heures, à l’Auditorium de Saint Germain. C’est Rodolphe Gentilhomme qui m’a demandé d’être le metteur en scène et le regard extérieur mais je ne joue pas. C’est un univers fou et magique et un spectacle très théâtral.

Vous avez fait de la radio, du théâtre et des courts métrages, est ce qu’il y a encore un domaine que vous n’avez pas encore essayé et qui vous séduit ?
Je ne sais pas, vous avez quelque chose à me proposer ?! En tout cas je ne regrette rien. Chaque projet réalisé m’a appris un peu plus. A la radio, je ne suis plus qu’une voix, pas de visage ni de corps et c’est important quand on est comédien de travailler sa voix. L’assistanat mise en scène m’a permis d’observer, d’agir et de comprendre comment se créé un spectacle, les relations entre le metteur en scène et les comédiens. Enfin mon expérience de comédienne m’a donné l’occasion de passer de la phase de création et recherche à une deuxième phase, celle avec le public que l’assistant metteur en scène ne vit pas. Malgré la diversité de ces domaines, ils relèvent tous de la créativité artistique et d’un moment d’échange et de partage. Le théâtre, comme la psychologie d’ailleurs, est une matière qui nous parle de la nature humaine.

N'ayons pas peur des mots, au festival COURT TOUJOURS, le vendredi 6 juin à 19h05 et 22h50


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