lundi 2 juin 2008

Un "Abattoir" de douceur

Anne Théron et Claire Servant

Rencontrer Anne Théron, c’est rencontrer une vision du théâtre qu’elle s’est appliquée à mettre en scène, en collaboration avec Claire Servant, dans son nouveau spectacle : Abattoir.

Deux femmes l’une metteur en scène, l’autre chorégraphe réunies par une complicité et un amour autour de leur nouveau spectacle, crée pour le festival Court Toujours. La création de cette production est le résultat de rencontres et de coups de foudre. D’abord un coup de foudre pour le texte. Face à ce scénario de Manuela Frésil qui a interviewé des ouvriers travaillant dans les abattoirs du nord-ouest de la France, Anne Théron est « bouche bée, stupéfaite par la force du texte » et immédiatement l’adaptation pour la scène lui apparaît comme une « évidence ». Mais pour ce faire, il lui faut des collaborateurs et comme le hasard ou le destin fait toujours bien les choses, Claire Servant, chorégraphe est mise sur son chemin. La rencontre a lieu à Poitiers, Anne Théron rencontre Claire Servant et l’envie immédiate de travailler ensemble autour de ce projet les saisit sans « élaborer aucune stratégie ».
Ce scénario c’est « l’écriture de la misère humaine » et pour incarner cette misère il a fallu que les corps deviennent les paroles des ouvriers. Pour ce faire trois amateurs de danse recrutés par Claire Servant, dont le niveau a impressionné Anne Théron. Le spectacle n’est pas un travail réaliste, tout est dans la « suggestion ». Les « valises de mouvements » créées par la chorégraphe sont les clés de voûte d’une dizaine de tableaux scénographiques. Le décor est une boîte blanche ouverte sur la scène, avec une ambiance de chambre froide, il « ramène de la réalité ». Car il ne faut pas oublier que ce spectacle est issu de la réalité, une approche du réel qui donne des émotions. « Abattoir » a déjà fait quelques filages publics et « ça marche incroyablement bien », des gens sont en larmes, la salle est comme en apnée, c’est d’une incroyable douceur malgré la violence du thème, c’est effroyablement « doux et insupportable ». D’ailleurs Anne Théron ne conçoit pas un spectacle sans une logique émotionnelle forte, elle a voulu créer « un univers fantasmagorique hors de ce monde, mais c’est de ce monde dont on parle, un monde injuste où les êtres humains sont annulés ».
C’est un spectacle humaniste, créé dans l’urgence et avec des gens de la région, « des gens d’ici », que Court toujours nous présente.
Après cette mise en bouche, on vous donne rendez-vous le vendredi à 21h et le samedi à 18h55 au centre culturel de Beaulieu.

Julie Sicot / atelier d'écriture journalistique de Court Toujours

Aucun commentaire: