vendredi 6 juin 2008

Le théâtre de l'étrange

En pénétrant le couloir sombre menant à l'Hippothéatron de Julien Mellano, on se jette tout droit dans la gueule du loup. Un loup grimaçant à la dégaine effrayante... On est complètement immergés dans son antre, un véritable petit cirque vivant qui ne fait de ses visiteurs qu'une bouchée. L'atmosphère nous enveloppe de son nuage âpre, s'étendant autour de ce sale bonhomme, un rien goujat, qui nous harangue du bout de son cigare... Les ombres se déchaînent tandis que sa voix, tantôt suave, tantôt murmurante, fait naître les personnages de son histoire.

Si l'on se laisse prendre au jeu, l'hypnose opère, et vous voici face à Cléopâtre, trapéziste de choc, et Hans, lilliputien aveuglé par les charmes de la belle... Prenant vie entre les mains de l'artiste, de curieux ustensiles de cuisine deviennent freaks, puis se déchaînent. Leurs caractères se dessinent, ils s'expriment dans ce cirque où les objets ont une âme, où tout s'anime. Dans ce monde l'étrange et le biscornu sont rois. On se surprend même à penser dans le dialecte incongru, grommelant et baragouinant des freaks... Les sous-titres sauveront tout de même ceux qui n'ont pas vu le film original de Tod Browning de l'incompréhension générale.

C'est donc avec délice que frissonneront dans l'Hippotheatron ceux de tous âges qui n'ont pas froid au yeux...

Mona CHARDIN, l'atelier d'écriture journalistique de Court Toujours

Hippotheatron, Julien Mellano

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