lundi 30 juin 2008

Court Toujours, fin de course

Le festival Court Toujours est terminé, et sa dernière édition fut une réussite. La forme courte reste d'actualité pour la Scène Nationale et fera l'objet d'une programmation tout au long de l'année au Théâtre & Auditorium de Poitiers.
Merci à tous et à toutes pour ce que vous avez apporté au festival, et merci à ceux qui ont permis d'alimenter ce blog. Les travaux et productions du groupe témoin autour d'Abattoir, les textes de l'atelier d'écriture journalistique, ainsi que le corpus thématique autour du thème du monstrueux restent en ligne et accessibles pour le moment.
Nous vous souhaitons bonne lecture.

lundi 9 juin 2008

Dance with the memory


Originaire d’Afrique du sud, Steven Cohen a eu la chance de ne connaître ce passé de la déportation que tard car ses grands parents ont fui la Shoa et se sont réfugiés en Afrique. Il vit depuis six ans en France, un pays qu’il admire mais dans lequel il a du mal à trouver sa place de par ses multiples étiquettes sexuelles et religieuses. Le spectacle qu’il nous a présenté « Dancing inside out » exprime un côté très personnel de l’artiste. Il mêle son regard personnel sur l’époque de la Guerre, sur lui-même avec l’histoire avec un grand « H ».
Porteur de symboles forts basés sur la religion, la sexualité et l’antisémitisme, le spectacle suscite la réflexion sur soi même, sur le devoir de mémoire mais également sur les rapports humains et ce qu’il y a de plus détestable chez l’homme, le rejet et la ségrégation.
Steven présente une danse paraissant improvisée mais totalement maîtrisée sur fond de sons et d’images d’archives évoquant l’époque douloureuse de l’occupation et de la déportation, il se livre entièrement dans son plus simple pareil. Il soulève plein de tabous qui peuvent avoir rapport à nos propres histoires personnelles. Le rapport à ce corps usé, qui a vécu, donne une image imparfaite de l’être et peut choquer davantage que la nudité.

Un artiste engagé
Paradoxalement, alors que le spectacle est interdit aux moins de 18 ans, Steven lance par son spectacle un appel aux plus jeunes : « Les enfants sont ceux à qui l’on doit s’adresser prioritairement dans le langage violent qui est le leur ».
Choquant, provocateur, le spectacle suscite des interrogations qui, au final, permettent d’apporter une seconde lecture différente de ce que l’on voit sur scène et de nous remettre en cause éventuellement. La vidéo de fond où on le voit ainsi danser dans la cour du centre d’histoire de la résistance de Lyon où il croise enfants et adultes exprime les différences de points de vue que l’on est susceptible d’observer dans un tel spectacle entre adultes, responsables, faisant mine de rien avec une certaine hypocrisie et les enfants qui ont un regard plus ouverts et qui ricanent par l’originalité.
Malgré cette liberté d‘expression semblant totale, il se donne des limites : « J’essaye de ne pas danser, de ne pas intervenir dans les lieux qui ne m’appartiennent pas. Pas dans les églises, plein d’endroits … » précise t-il.
Steven nous surprend jusqu’au bout dans un spectacle exprimant liberté, engagement politique et religieux et choix personnels.

Jérémy Valladon, atelier d'écriture journalistique de Court Toujours

dimanche 8 juin 2008

Monstres et compagnie

Hippotheatron est un spectacle qualifié à la fois de théâtre d’objets et de jeux de marionnettes, une alliance curieuse mais réussie !

Quelques minutes d’attente dans un petit couloir avant que ne s’ouvre la porte et que nous soyons entraînés dans une curieuse foire aux monstres. James Bailey, ancien montreur de phénomènes, nous présente ses monstres, plus suggérés que dévoilés et plus drôles qu’effrayants ! En effet, les personnages sont représentés par… de la vaisselle à l’effigie de la curiosité de ces monstres : l’homme tronc, les sœurs siamoises, les lilliputiens… Un spectacle qui met en scène des objets – marionnettes sur un fond de musique et avec des sous-titrages pour mieux comprendre l’histoire d’amour entre ces monstres, trame de cette représentation.

Julien Mellano use avec justesse de tous ses trucs et astuces, inventions loufoques. On se prend au jeu et on remonte le temps à la rencontre de tous ces phénomènes de foires. Une plongée dans l’inconnu et une atmosphère envoûtante qui plairont aux petits comme aux grands.

Prochaines représentations Hippotheatron

- samedi 7 juin à 20h40 et 22h20

- dimanche 8 juin à 17h30 et 19h20

Stéphanie Delaitre / Atelier d’écriture journalistique de Court Toujours

A chacun son monstre

Quel monstre sommeille en nous ? C’est la question que l’on se pose face au spectacle de Nicolas Bonneau, « Au bonheur des monstres ». Il nous présente une succession d’histoires et de personnages d’apparence ordinaire mais qui ont chacun une zone d’ombre et des pulsions. Ce sont des meurtriers d’un jour. Néanmoins malgré le côté sordide de ces récits, Nicolas Bonneau sait y mettre une touche d’humour et on finit par rire de tous ces meurtres. On compatit, on trouve ces actes justifiés, bref, les monstres de Nicolas Bonneau nous questionnent sur nos propres démons. Bienvenue au parc des petits monstres ordinaires….

Prochaine représentation « Au bonheur des monstres »

Dimanche 8 juin à 17h00 et 18h50

Stéphanie Delaitre / Atelier d’écriture journalistique de Court Toujours

A l'intérieur du secret

Etienne Pommeret met en scène le secret, sa vitalité, tel que l’a écrit Jon Fosse.

Et si l’on vous proposait de voyager au plus profond de l’âme. Vous soupçonneriez l’imposture ? Et vous auriez sûrement raison « …car l’âme, on ne la voit jamais, elle ne se laisse pas voir, c’est comme ça.» Nous voilà donc rassurés : « L’âme, c’est comme ça. » et c’est justement comme ça qu’on l’imaginait depuis longtemps.

Entrez dans « le Sas ». Et comme cette « scène » porte bien son nom, car c’est bien de théâtre dont il est question si l’on se réfère au programme du festival. Imaginez, une petite pièce dont les murs sont couverts de tentures noires. Au centre de ce petit espace, une sorte de boîte, comme une cabine d’essayage, avec un miroir de chaque coté dans lequel se reflète le public. De la musique vous parvient. Les lumières s’éteignent progressivement, laissant apparaître un homme, derrière le miroir… sans tain : « Le plus important n’est pas de se souvenir, mais d’oublier.» Un homme, va nous emmener au plus intime de l’âme, nous voilà pris dans l’engrenage de ses pensées. Le regard de Jean-Pierre Berthomier est intense et captivant. Ces questions qu’ils se posent deviennent nôtres. Il tourne sur lui-même comme notre réflexion fascinée. « Ce qui est compris n’existe pas, sauf en tant que chose comprise » Vivre dans le secret nous montre un homme qui se pose des questions et qui tente de leurs apporter des éléments de réponse, devant nous, avec nous. « Qu’on me laisse vivre dans le secret. »

On en oublierait presque d’applaudir, déconcertés.

7 minutes pour se remuer les méninges. Attention ! 15 personnes par séances seulement !

Samedi 7 –19h30/21h30/23h dans le SAS. Boucle de 7min.

AméLie. Atelier d'écriture journalistique de Court Toujours

Que Brad nous vienne en aide!

La lecture de la pièce de Christian Lollike, auteur danois, nous emmène du côté de la « pop politique ». Un monde où Brad Pitt est le héros, et vient sauver le monde des catastrophes écologiques et des problèmes sociaux. Le monde vu comme un scénario de film catastrophe, façonné à l’américaine. Les trois interprètes sur scène se partagent le rôle du bienfaiteur. Les ambiances s’enchaînent, une Garden party organisée par Angelina J, le tournage d’un film où Brad n’est autre que travailleur sur les chantiers de démantèlement, une discussion entre l’ancien héros et sa petite fille. On passe d’un présent où ils savaient, où ils voulaient agir, rongés par la culpabilité de ne rien faire « Punis-moi de ne pas agir ! » à un futur où les reportages télévisés diffusent la désintégration des hommes sous les pluies acides. Et la question de la petite-fille à Brad : « vous ne saviez pas, pourquoi vous n’avez rien fait ? ».

Cette lecture, habilement menée par les quatre comédiens nous dévoilent toute l’ironie de l’auteur, face à ce Charity Business. Les tics de Brad repris subtilement, les paroles tendres d’Angelina « embrasse-moi », tout cela mêlé aux propos sur l’écologie et comment sauver le monde. Mais n’oublions pas l’amour, présent du début à la fin car tout est bien qui finit bien quand Brad est le héros, « ils s’aimèrent jusqu’à la fin des temps ». Rendre à cette pièce tout son propos sans le caricaturer, ni le dénaturer, c’est le parti brièvement et sobrement relevé par cette lecture.

Si vous avez loupé la séance proposée par le festival, vous pouvez toujours vous faire votre propre lecture de l’œuvre.

Julie Sicot, atelier d'écriture journalistique de Court Toujours

samedi 7 juin 2008

MONOLOGOS

Devinette

Un meeting d'abeilles bavardes?

Un concerto de vents dans des bambous chatouilleux?

Une compétition de tapotements d'orteils déchaînés?

Un frisson sur l'échine de mille oisillons frileux?

Un concours de roulements de "r" à l'espagnole?

Un claquement de langues collectif?

Un bourdonnement de feuilles mortes en automne?

Une invasion de flocons de neige invisibles?

Une ribambelle de grains de sable qui sursautent en coeur?

...

Et pourtant, elle est seule sur scène... Un petit morceau de folie douce.

Pour toutes les oreilles.

Mona CHARDIN

Monologos, de Luc Ferrari et Géraldine Keller

Les Bêtes Humaines...

Le titre fait frémir, Abattoir. Sang, couteaux, mort surgissent dans nos esprits. Alors quand on se retrouve devant le spectacle on a une certaine appréhension face à ce que l’on va voir, une peur d’être choqué. Mais finalement, ce qui nous interpelle le plus ce n’est pas la violence car il n’y en a pas hormis dans les mots, c’est tout ce qui est extérieur au texte. Tout ce décor que l’on voit ou que l’on entend. Un petit côté désuet, décalé. Que ce soit la tenue de l’interprète féminine, mélange improbable des genres, ou encore les musiques hétéroclites qui annoncent les différents tableaux. On passe d’un thème qui fait penser à La petite maison dans la prairie, à un morceau de rock sur vitaminé et on finit avec What a wonderful world d’Armstrong, le tout entrecoupé de sonorités mécaniques et ciselées. La musique laisse quelquefois sourire par son côté ironique, mais au final on se dit que ce n’est pas si mal trouvé. Car ça colle, les textes entrent en scène et on comprend mieux. Les paroles des ouvriers trouvent leur sens et nous emmènent entre nostalgie et colère. La nostalgie d’une époque où ils se disaient que le travail à l’usine ça serait temporaire, finalement ça dure et puis la vie reprend le dessus, les enfants, les maris, le besoin de deux salaires. La colère face à son corps qui se détruit et qui ne veut plus avancer, mais il faut que ca avance, que ca continue, les rendements sont omniprésents. Dans un système où le mot d’ordre est cadence, tous les gestes sont répétitifs « coupez, appuyez, coupez, appuyez ». Les corps tombent et retombent, fatigués par les mouvements, usés. Le spectacle nous montre cette usure, ces sentiments de révolte et de fatigue, par une interprétation sobre et juste. Le texte est mis en avant, après tout c’est lui qui compte, c’est entendre ces vies. Et le spectacle réussit son pari d’être humaniste. Ils ne jugent pas et met en scène habilement l’envers du décor loin des bêtes mortes. Il montre de manière réaliste la pression ridicule des chefs pour le rendement, le marché des promotions, les petits secrets qui font avancer les ouvriers plus vite, le licenciement. Bref, c’est un spectacle de l’autre côté du miroir qui se nourrit de son côté décalé pour mieux servir le message qu’il porte. Un spectacle où les bêtes ne sont pas toujours celles que l’on croit.

Julie Sicot , atelier d'ériture journalistique de Court Toujours

vendredi 6 juin 2008

HIPPOTHEATRON - Le saltimbanque du conte

Une salle obscure nous présentant un cirque itinérant de début du siècle et nous sommes d’emblée embarqué dans un univers sombre et mystérieux, celui de Julien Mellano. Sous les traits de James Bailey, ancien montreur de phénomènes de foire qui n’a plus rien à montré à son grand désespoir, il nous narre les grandes lignes du film « Freaks ». Ici point d’acteurs pour jouer les lilliputiens Hans et Frieda et autre femme à barbe, les personnages sont réinterprétés par des éléments de vaisselle donnant une interprétation plus plastique du film.

Notre hôte parlant en anglais, des sous titres sont à la disposition des spectateurs sous diverses manières rendant le show davantage interactif. Ces derniers ajoutés à des musiques mêlant cacophonie burlesque et extraits sonores du film nous replongent dans l’univers des films des années 30. Sans pour autant retomber dans la reconstitution narrative d’origine, les fans du film « Freaks » retrouveront toute l’atmosphère angoissante et mystérieuse du film de Ted Browning.

Julien Mellano est un hôte particulièrement envoûtant qui alterne mime et jeu d’acteur. Pour ceux ne connaissant pas le film, ce spectacle reste une bonne séance de rattrapage.

HIPPOTHEATRON

Samedi 7 – 20h40 / 22h20

Dimanche 8 – 17h30 / 19h20

Gymnase

Jérémy Valladon, atelier d'écriture journalistique de Court Toujours

DURACELL - Un musicien monté sur batterie

Un lieu atypique pour une expérience hors du commun. Andrew « Duracell » Dymond nous fait faire un bond dans le temps et nous fait partager ses souvenirs d’enfance de trentenaire. En effet, Duracell met toute son énergie et son amour à nous faire revivre les grands thèmes musicaux de jeux vidéo des consoles Atari et autre Comodor 64.

Avec sa seule batterie, il joue en compagnie de samples informatiques et nous donne une interprétation très humaine de ces thèmes qui évoluent selon les sensations du musicien. Duracell ne fait pas que ressentir la musique, il la vit au profit d’une interprétation originale et décalée.

Un instant de nostalgie qui reste trop court et à conseiller aux puristes comme aux aficionados de cette époque. Chaque représentation proposera des thèmes différents.

DURACELL

Vendredi 6 23h25 – hall

Jérémy Valladon, atelier d'écriture journalistique de Court Toujours

It's not a wonderful world

Il n’y a rien d’autre que les corps. Ceux des bêtes d’abord, celles qui meurent, minute après minute. Et puis ceux des hommes, les témoins, les acteurs de cette cadence mortuaire. Abattoir n’est pas un spectacle, au sens noble et orgueilleux du terme. De fait, ce ne sont pas les lumières de la salle qui s’éteignent les premières mais celles de la scène, qui se mettent à faiblir, à clignoter, au rythme des sons d’une usine. Agression sonore. Puis viennent les paroles. Les mots sont dits, sans effet, juste là pour décrire une réalité, dont aucune reproduction matérielle n’est possible. Les scènes s’enchaînent. Le lien reste. C’est l’histoire des ces hommes et femmes que la vie a jeté dans la gueule de l’abattoir. Les victimes de la cadence. Aux mots s’ajoutent les lumières. Le blanc cru d’une poursuite projeté sur le visage d’un témoin. Ses yeux semblent absents, les ombres lui donnent un air de mort. Et il s’agit bien de cela. Les employés d’un abattoir meurent à petit feu, victimes de la mécanisation de leur travail. Ils subissent. Tout. Leurs chefs, leur devoir de produire toujours plus et toujours plus vite, leur besoin d’argent, et la vie qui peu à peu les aliène et les tient prisonnier. Et puis parfois dans cet univers jaillit la lumière rouge, qui nous rappelle que le sang, si il vit encore dans les veines des travailleurs c’est qu’il jaillit des cadavres d’animaux qu’ils dépècent. Les mots jaillissent donc mais les corps des trois acteurs parlent également d’eux-même. La douleur est présente. Cette douleur qui terrasse les ouvriers, à force de répéter encore et toujours le même geste. Mais Abattoir n’est jamais dans l’exagération ou le misérabilisme. Si le témoignage est dur, la création théâtrale s’en fait la porte-parole et non la dénonciatrice critique. Le spectateur est mis en face d’un univers qui lui est inconnu, et on ne lui dit pas comment l’appréhender. C’est chacun qui écoute, ressent, comprend ou s’offusque. Mais justement, la qualité d’abattoir est de ne pas juger. A chaque spectateur de le faire pour soi, si bon lui semble et si il en ressent l’envie ou le besoin.

Sarah Maquet, atelier d'écriture journalistique de Court Toujours

La mère veille

Anne Courpron, alias Eveline Bichon fait claquer ses talons, essuie ses lunettes. Une fois... puis deux. Car c'est du sérieux, mesdames et messieurs. Son oeil pétillant vous scrute, et dès lors il n'y a plus de doute possible : vous êtes face à une spécialiste, une vraie.

« On a TOUS une maman. » C'est grave docteur? En tout cas, ça se soigne, semble promettre Eveline. Et on la croit volontiers, juste pour voir où cette « séance-conférence thérapeutique » va nous mener... Pas de déception : elle nous secoue de son énergie délirante, nous délivre ses conseils infaillibles, pétille en crescendo... un vrai tourbillon! Chacune des anecdotes croustillantes qu'elle évoque semble illustrer notre propre famille, nous rapportant à notre petite histoire personnelle, elle aussi parsemée de hontes et de colères refoulées envers nos chères mamans...allons, soyons francs, et n'ayons pas peur des mots! Eveline nous connaît, Eveline est là pour nous soigner.

Et si vous n'êtes pas totalement convaincus par l'idée d'accepter vous aussi votre mamernalité, peut-être serez-vous juste charmés par le personnage... On rit sans complexe de l'enthousiasme de ce « médecin de la psyché », qui, elle en est persuadée, sait de quoi elle parle!

Mona CHARDIN, atelier d'écriture journalistique de Court Toujours

N'ayons pas peur des mots, Anne Courpron

Le théâtre de l'étrange

En pénétrant le couloir sombre menant à l'Hippothéatron de Julien Mellano, on se jette tout droit dans la gueule du loup. Un loup grimaçant à la dégaine effrayante... On est complètement immergés dans son antre, un véritable petit cirque vivant qui ne fait de ses visiteurs qu'une bouchée. L'atmosphère nous enveloppe de son nuage âpre, s'étendant autour de ce sale bonhomme, un rien goujat, qui nous harangue du bout de son cigare... Les ombres se déchaînent tandis que sa voix, tantôt suave, tantôt murmurante, fait naître les personnages de son histoire.

Si l'on se laisse prendre au jeu, l'hypnose opère, et vous voici face à Cléopâtre, trapéziste de choc, et Hans, lilliputien aveuglé par les charmes de la belle... Prenant vie entre les mains de l'artiste, de curieux ustensiles de cuisine deviennent freaks, puis se déchaînent. Leurs caractères se dessinent, ils s'expriment dans ce cirque où les objets ont une âme, où tout s'anime. Dans ce monde l'étrange et le biscornu sont rois. On se surprend même à penser dans le dialecte incongru, grommelant et baragouinant des freaks... Les sous-titres sauveront tout de même ceux qui n'ont pas vu le film original de Tod Browning de l'incompréhension générale.

C'est donc avec délice que frissonneront dans l'Hippotheatron ceux de tous âges qui n'ont pas froid au yeux...

Mona CHARDIN, l'atelier d'écriture journalistique de Court Toujours

Hippotheatron, Julien Mellano

La mamernalité d'Anne Courpron

« N’ayons pas peur des mots » est le premier spectacle d’Anne Courpron en tant qu’auteur, metteur en scène et interprète. Impressions après la première…

Au milieu du hall, le personnage crée par Anne Courpron, Eveline Bichon, nous invite à une séance conférence thérapeutique peu ordinaire… Le thème proposé est « la mamernalité » c’est à dire le fait d’accepter ou non sa maman. Anne Courpron nous livre LE mode d’emploi des mamans, un peu caricatural certes, néanmoins on retrouve tous notre propre maman à travers cette esquisse des mères. La figure d’Eveline Bichon est représentative des « psychologues-vedettes » de notre société contemporaine : omniprésents dans notre quotidien et qui ont toujours réponse à tout. Néanmoins Eveline Bichon remplit parfaitement sa mission : nous faire du bien ! Avec un décor minimal (un tableau, une estrade et une chaise), Anne Courpron réussit habilement à nous parler de nous avec beaucoup d’humour et en faisant participer activement son public lors de la représentation. C’est donc un premier spectacle réussi pour Anne Courpron, rendez-vous pour le prochain…

Prochaine représentation :

« N’ayons pas peur des mots », vendredi 6 juin à 22h50 dans le hall.

Stéphanie Delaitre

lundi 2 juin 2008

Un "Abattoir" de douceur

Anne Théron et Claire Servant

Rencontrer Anne Théron, c’est rencontrer une vision du théâtre qu’elle s’est appliquée à mettre en scène, en collaboration avec Claire Servant, dans son nouveau spectacle : Abattoir.

Deux femmes l’une metteur en scène, l’autre chorégraphe réunies par une complicité et un amour autour de leur nouveau spectacle, crée pour le festival Court Toujours. La création de cette production est le résultat de rencontres et de coups de foudre. D’abord un coup de foudre pour le texte. Face à ce scénario de Manuela Frésil qui a interviewé des ouvriers travaillant dans les abattoirs du nord-ouest de la France, Anne Théron est « bouche bée, stupéfaite par la force du texte » et immédiatement l’adaptation pour la scène lui apparaît comme une « évidence ». Mais pour ce faire, il lui faut des collaborateurs et comme le hasard ou le destin fait toujours bien les choses, Claire Servant, chorégraphe est mise sur son chemin. La rencontre a lieu à Poitiers, Anne Théron rencontre Claire Servant et l’envie immédiate de travailler ensemble autour de ce projet les saisit sans « élaborer aucune stratégie ».
Ce scénario c’est « l’écriture de la misère humaine » et pour incarner cette misère il a fallu que les corps deviennent les paroles des ouvriers. Pour ce faire trois amateurs de danse recrutés par Claire Servant, dont le niveau a impressionné Anne Théron. Le spectacle n’est pas un travail réaliste, tout est dans la « suggestion ». Les « valises de mouvements » créées par la chorégraphe sont les clés de voûte d’une dizaine de tableaux scénographiques. Le décor est une boîte blanche ouverte sur la scène, avec une ambiance de chambre froide, il « ramène de la réalité ». Car il ne faut pas oublier que ce spectacle est issu de la réalité, une approche du réel qui donne des émotions. « Abattoir » a déjà fait quelques filages publics et « ça marche incroyablement bien », des gens sont en larmes, la salle est comme en apnée, c’est d’une incroyable douceur malgré la violence du thème, c’est effroyablement « doux et insupportable ». D’ailleurs Anne Théron ne conçoit pas un spectacle sans une logique émotionnelle forte, elle a voulu créer « un univers fantasmagorique hors de ce monde, mais c’est de ce monde dont on parle, un monde injuste où les êtres humains sont annulés ».
C’est un spectacle humaniste, créé dans l’urgence et avec des gens de la région, « des gens d’ici », que Court toujours nous présente.
Après cette mise en bouche, on vous donne rendez-vous le vendredi à 21h et le samedi à 18h55 au centre culturel de Beaulieu.

Julie Sicot / atelier d'écriture journalistique de Court Toujours

vendredi 30 mai 2008

Le théâtre et la psychologie, même combat!




Anne Courpron a accepté de répondre, entre deux répétitions, avec humour mais en toute sincérité à cette interview vérité au sujet de son premier spectacle, « N’ayons pas peur des mots ». C’est LE premier entretien qu’elle accorde et vous en avez l’exclusivité.

Court Toujours : « N’ayons pas peur des mots » est votre premier spectacle en tant qu’auteur, metteur en scène et interprète. Qu’est ce qui vous a donné envie de vous lancer ce défi ?
Anne Courpron : Il y a deux ans, j’ai joué dans un monologue et je garde un très bon souvenir de cette expérience. J’ai apprécié l’interaction avec le public. D’autre part, Jean Boillot m’a invitée et fortement encouragée à créer mon propre spectacle ce qui d’ailleurs me flatte et me terrifie !

Quel est votre état d’esprit à quelques jours de la représentation ?
Je suis stressée car c’est une première pour moi. Cette fois je me livre totalement à travers ce spectacle. J’ai forcément peur de l’échec.

Appréhendez-vous la réaction du public ?
Je la redoute et en même temps je cherche à faire participer le public. Il n’y a pas deux représentations identiques, chaque représentation d’un spectacle a sa propre magie et la réception est différente selon le moment.

« N’ayons pas peur des mots » qu’est ce qui se cache derrière ce titre ?
Le personnage principal est une psychologue conférencière en pleine séance dédicace de son dernier ouvrage. A travers cette pièce, je souhaite dénoncer l’abus de la psychologie dans notre monde contemporain. Les psychologues apparaissent comme des vedettes qui nous disent comment penser. Mais la question primordiale est de savoir s’ils sont de véritables professionnels.

Vous dressez une caricature des psychologues, cela relève-t-il d’une mauvaise expérience personnelle ?
Pas du tout. Au contraire, je suis moi-même assez sensible à la psychologie : j’explique tout, je trouve toujours une réponse psychologique. Ce spectacle est mon contraire, c’est de l’autodérision. Tout le monde s’approprie la psychologie et elle devient accessible à tous. Les gens ressentent de plus en plus le besoin d’entrer en contact, de se réunir, de parler de leurs problèmes et de trouver des solutions. Mais ce qui me gêne c’est l’excès de l’utilisation de la psychologie au quotidien ou son mauvais emploi.

Vous auriez aimé être psychologue ?
J’ai beaucoup de respect envers ces professionnels qui écoutent les souffrances des gens. C’est dur à gérer j’imagine. J’aime rencontrer et discuter avec des personnes mais je ne sais pas si j’ai cette force pour faire ce métier. J’aurai voulu essayer juste un jour, faire un « Vis ma Vie » !

Vous abordez également le thème de la relation mère enfant, pourquoi ce choix?
La psychologie trouve sa source dans l’enfance, dans la relation parents enfants. Le thème du festival Court Toujours étant la monstruosité j’ai également voulu créer un personnage qui se place contre les mères et ne les idéalise pas, un personnage qui apparaît inhumain. En somme je me suis demandée qui était le monstre entre les mères matricides et les psychologues qui tiennent ce discours au sujet de ces dernières.

Dans quel état d’esprit faut-il être pour venir vous voir jouer ?
Ce spectacle est à prendre avec humour bien que je parle de choses sérieuses. Je ne dénigre absolument pas les psychologues, il en faut. Mais je vous invite à passer un moment léger et agréable. Je vous offre une petite bouffée d’oxygène.

Vous êtes seule sur scène, est ce qu’on peut parler de one woman show ?
Je m’adresse directement au public, je suis placée dans le hall du centre de Beaulieu. Le décor est simple, avec peu d’accessoires, il n’y a pas de musique. Ce spectacle peut en effet être qualifié de one woman show, stand up et de monologue bien que je ne parle pas de moi, il y a une grande distance et une invention entre moi et mon personnage. C’est un savant mélange !

Est-ce que c’est un exercice difficile ?
C’est difficile mais c’est surtout un plaisir. Dans ma formation j’ai beaucoup apprécié jouer en petit comité. Voir la réaction en live du public est un avantage et amène forcément le comédien à improviser. Dans ce genre de spectacle, il y a moins de convention (pas de scène réelle, pas de rideau, pas de lumière) et moins de repères que dans le théâtre traditionnel.

Vous avez travaillé avec François Martel, comment s’est passée cette collaboration ?

François Martel a été un regard artistique et extérieur. Il m’a guidé et aidé dans la mise en scène et pour l’écriture. Nous nous connaissons depuis longtemps. Nous sommes deux anciens élèves du Conservatoire de Poitiers. Une vraie complicité artistique nous lie.

Vous êtes originaire de Poitiers est-ce que le fait de jouer dans cette ville vous déstabilise ou au contraire vous rassure ?

C’est un véritable test pour moi. J’essaye d’avoir confiance et de me dire que cela se passera bien. Mais c’est plus impressionnant quand il y a des gens que l’on connaît dans la salle car ils arrivent à deviner ce que vous avez réellement mis de vous dans la pièce.

« N’ayons pas peur des mots » est une création Court Toujours mais est-ce que vous pensez continuer à jouer ce spectacle en dehors de ce festival ?

Si tout se passe bien lors du festival Court Toujours et si je m’en sors vivante, oui j’aimerai rejouer cette pièce. Elle peut s’adapter facilement grâce à sa forme courte (20 minutes) et ainsi être jouée avant un spectacle ou dans le cadre d’un autre festival.

Avez-vous d’autres projets en cours ?
Oui je suis en pleine répétition d’une pièce de Copi, « Le Frigo » qui sera jouée le 20 juin, à 21 heures, à l’Auditorium de Saint Germain. C’est Rodolphe Gentilhomme qui m’a demandé d’être le metteur en scène et le regard extérieur mais je ne joue pas. C’est un univers fou et magique et un spectacle très théâtral.

Vous avez fait de la radio, du théâtre et des courts métrages, est ce qu’il y a encore un domaine que vous n’avez pas encore essayé et qui vous séduit ?
Je ne sais pas, vous avez quelque chose à me proposer ?! En tout cas je ne regrette rien. Chaque projet réalisé m’a appris un peu plus. A la radio, je ne suis plus qu’une voix, pas de visage ni de corps et c’est important quand on est comédien de travailler sa voix. L’assistanat mise en scène m’a permis d’observer, d’agir et de comprendre comment se créé un spectacle, les relations entre le metteur en scène et les comédiens. Enfin mon expérience de comédienne m’a donné l’occasion de passer de la phase de création et recherche à une deuxième phase, celle avec le public que l’assistant metteur en scène ne vit pas. Malgré la diversité de ces domaines, ils relèvent tous de la créativité artistique et d’un moment d’échange et de partage. Le théâtre, comme la psychologie d’ailleurs, est une matière qui nous parle de la nature humaine.

N'ayons pas peur des mots, au festival COURT TOUJOURS, le vendredi 6 juin à 19h05 et 22h50


jeudi 29 mai 2008

Le Rire du Roi

CONTE. Achille Grimaud nous propose une création originale : Le Rire du Roi.

COURT TOUJOURS : Dans le programme vous êtes annoncé comme un conteur. Quel est votre rapport au conte ?

ACHILLE GRIMAUD : Je raconte mes histoires comme des nouvelles. J’ai été influencé par des auteurs comme Dino Buzatti, Roald Dahl ou Guy de Maupassant. Je reste fidèle à la structure littéraire mais l’oralité prend le dessus.

Pourquoi avoir préféré la forme du « conte d’animation » à la forme classique ?

Quand j’ai commencé à raconter le Rire du Roi, on me disait que c’était mon histoire la plus imagée. J’ai donc collaboré avec la peintre Gaële Flao pour l’illustrer. Comme je suis un inconditionnel des films d’animations, je pensais n’en faire qu’un court métrage. L’idée a ensuite évolué vers quelque chose de plus interactif. Comme au temps des frères Lumières, où le narrateur commentait en direct. C’est un spectacle vivant.

Vous considérez-vous plus comme un cinéaste ou comme un troubadour ?

Comme un cinéaste troubadour. J’ai envie de raconter coûte que coûte. Je peux utiliser toutes les méthodes de narration possible pour défendre une histoire, je suis un « histoirien ».

Pouvez-vous nous dire en quelques mots ce que vous allez nous donner à voir ?

Le film, muet, s’accompagne d’une création musicale. La voix est au service de l’histoire. Mais peu à peu on ne sait plus si c’est le conteur qui anime l’image ou si c’est l’image qui anime le conteur. Ce sont dix minutes très intensives pendant lesquelles je suis à cent à l’heure. C’est un personnage qui en bave, on en vient même à se demander si je suis conteur, comédien, ou complètement fou. C’est un challenge, j’utilise le même micro que les chanteurs de rock. Ce défi c’est un peu une question de survie. Le but est d’envoyer les spectateurs sur une autre planète, au royaume de l’angoisse.

Le royaume de l’angoisse ou du rire ?

Le rire est ambigu, on peut pleurer de rire, le rire peut aussi sauver une situation. Il peut être glacial. Pour moi le rire et l’angoisse sont deux choses communes. Ici, le Roi rit tellement fort qu’il décapite ses fous.

Ce spectacle est-il aussi parlant pour les enfants que pour les adultes ?

Tout à fait, j’ai toujours fait en sorte d’offrir un double niveau de lecture. Je veux que chacun puisse apprécier le spectacle à sa manière. L’intérêt est de pouvoir découvrir des choses à chaque représentation sans se lasser.

Gaële Flao est-elle sur scène durant le spectacle ?

Non, elle n’est pas présente. Elle interviendra sur la prochaine création…

Donc, des projets en cours ?

Oui, et on verra Gaële peindre en direct. Ce sera une sorte d’hommage aux premiers films d’animation où les images fixes créeront peu à peu le mouvement.
Pour le Rire du Roi, un livre-dvd est en projet.

Vous situez-vous dans la thématique du monstrueux ?

Complètement. Les plus angoissés sont les parents qui se demandent « est-ce que j’ai bien fait d’emmener mon enfant ici ? » Le spectacle est conseillé pour les enfants à partir de six ans. Les plus jeunes peuvent être effrayés par l’ambiance et surtout par ma voix. Les dessins ont une dimension cruelle, on est complètement dans la monstruosité. On a utilisé plusieurs techniques d’animation dont la peinture animée, que les gens n’ont pas l’habitude de voir, et ça les surprend. C’est dérangeant.


Un spectacle d’une dizaine de minutes, à voir absolument !

Dimanche 8 17h05/17h30/18h20/18h55/19h20

Pour l'atelier d'écriture journalistique
Amélie Rolle
Jérémy Valladon
Mona Chardin

mardi 27 mai 2008

Convergence 1.0


CRITIQUE - Convergence 1.0 Adrien Mondot, présenté du 22 au 24 mai à Beaulieu

Sous l'emprise des balles

Piégé derrière un écran un peu flou, Adrien Mondot s'éveille, seul. Dans ses mains, naît bientôt une balle blanche.
L'artiste et l'objet, muets, se mettent à vibrer sur les accords lancinants du violoncelle tapi dans l'ombre. Très vite, la jonglerie devient chorégraphie, une image informatique s'insinue lentement dans ses ondulations, emplit finalement l'espace en s'agrippant à l'écran. Les balles virtuelles éclosent, se multiplient, et se joignent au ballet. Dès lors, il s'agit d'un duo, s'accordant puis se défiant, entre Adrien Mondot et ce personnage numérique, insaisissable, immatériel, mais omniprésent.
Le jeu entre l'artiste et ce monde d'images vivantes questionne, est-ce l'homme qui agit sur le virtuel, ou bien le virtuel qui tient l'homme sous son emprise..? Le jongleur regarde son monde se dessiner dans cet espace obscur, il y évolue avec aisance. Il orchestre et danse, dirige et subit. L'écran gêne parfois, on cherche à saisir ce qui respire et vit au sein de ce souffle mécanique inébranlable. Car si la musique, par moments, se tait, laissant la violoncelliste dans le noir, le silence n'est jamais absolu. Le personnage numérique respire par de légers grésillements, des sifflements, laissant s'exprimer certains des battements de son coeur fictif.
Lorsque l'homme redevient maître de sa création, on est néanmoins happé avec lui dans le tourbillon des balles virtuelles qui réagissent aux sons, aux gestes qu'il leur adresse. L'illusion éveille en nous l'enfant qui, lui aussi, voudrait échapper à l'emprise de la pesanteur, jouer avec ces bulles vivantes. Le corps de l'artiste est mis en scène avec la même souplesse que son environnement rebondissant, mais on est avant tout frappé par le jeu des mains, sans cesse en mouvement.
Convergence 1.0 appelle la contemplation du spectateur, complice de la moindre esquisse imaginaire de l'artiste. Il n'est pas nécessaire de se creuser la tête; pour que la magie opère, seuls comptent l'innocence et la capacité d'émerveillement de l'oeil hypnotisé, dupé par ces effets d'optique. Il faudra donc également penser à ne pas se placer trop près de la scène, afin de réellement profiter de l'illusion...

Mona CHARDIN /
L'atelier d'écriture journalistique

lundi 26 mai 2008

Makadam Kanibal

ARTS DE LA RUE – Makadam Kanibal jouera son Cirque des curiosités place de la Mômerie à Beaulieu dans le cadre de « Court Toujours »

Un curieux couple

C’est un drôle de couple que le festival « Court Toujours »va accueillir à Beaulieu. Des mangeurs d’enfants vont investir la place de la Mômerie. Devinez qui aura le plus peur, des parents ou des enfants…

Passés au Festival des Expressifs il y a trois ans, le couple à la vie comme à la scène de la Cie « Makadam Kanibal » revient à Poitiers pour dévorer le festival « Court Toujours ».
Dans le spectacle, Elodie Meissonnier et Jean-Alexandre Ducq sont un couple de cannibales qui arrêtent de manger des enfants, du moins qui essayent de changer malgré les tentations, telle une maladie qui consume de l’intérieur et dont on ne peut s’échapper. Jean-Alexandre Ducq précise qu’il s’agit d’« une histoire d’amour, entre un consanguin et sa femme enceinte, dans laquelle l’un ne va pas sans l’autre avec peu de paroles qui restent de l’ordre des gémissements et des mots mâchés ».
Le spectacle est visible à tout âge. Jean-Alexandre Ducq juge important de faire un travail sur la peur très jeune « pour le mental, pour se construire ». Car beaucoup trop de spectacles protègent les enfants, il souhaite justement « ne pas mentir aux enfants par une volonté d’afficher une réalité crue ».

Attraction répulsive

Le spectacle s’inspire des expériences du couple. Ainsi, le contenu du spectacle rejoint l’expérience d’Elodie, qui s’est occupée d’enfants handicapés, « par la tolérance, l’acceptation de l’autre ». Le spectacle s’intègre également dans la thématique du festival par le fait que « les personnages du spectacle sont des êtres atypiques également et différents de la normale ».
Jean-Alexandre Ducq a commencé par faire la manche puis s’est mis à cracher du feu dans la rue où il a connu plusieurs situations. Il s’est mis au fakirisme pour connaître ses limites en commençant notamment par la performance. Selon lui, « l’amour et le fakirisme sont très liés car ce sont deux choses où l’on ne peut mentir ni tricher. Soit on accepte, on prend sur soi, soit ça ne marche pas ».
Provocateur de nature, il cultive le paradoxe de la répulsion et de l’attraction.
Depuis son précédent passage à Poitiers, le spectacle a voyagé en passant notamment par la Belgique, l’Espagne, la Slovénie, le Mexique ou encore la Jordanie. Le couple ne souhaite pas abandonner le spectacle qui connaît un franc succès mais en prépare toutefois un autre pour fin juillet à Annecy.

Jérémy VALLADON


A savoir : le spectacle sera visible dans le cadre du festival « Court Toujours », place de la Mômerie
- le samedi 7 juin à 20h40 et 22h20
- le dimanche 8juin à 17h30 et 19h20
Gratuit.

Qu'est ce que l'atelier d'écriture journalistique?

Quand les balles s'en mêlent

Prenez trois balles, un jongleur et un programme informatique et vous obtenez le point de convergence entre deux mondes : le virtuel et le réel. Adrien Mondot, jongleur talentueux, nous invite aux confins de la frontière virtuelle et réelle et s’amuse à y perdre le spectateur. Il nous révèle un talent incroyable de jongleur face à une salle comble. Le silence de départ et la solitude de l’homme est rapidement rompu par l’irruption d’une balle et la musique qui se fait plus intense. L’artiste s’éloigne de la jonglerie classique en introduisant des balles virtuelles, grâce à la magie informatique. Enchaînant avec habileté les tableaux chorégraphiques, l’artiste nous embarque dans un univers où il est quelquefois difficile de le suivre. Orchestrées par les coups d’archer de la violoncelliste, les balles, loin d’être des accessoires, créent successivement des figures, des hommes, des vibrations. Le tout forme un ballet aérien et mystérieux entre l’homme et ses balles. Le jongleur se retrouve à la fois maître et victime, pourchassé par ces compagnes de jeu elles-mêmes qui le prennent pour cible. Adrien Mondot et la violoncelliste, Veronika Soboljevski, se retrouvent comme pris au piège de leur propre symphonie, tentant de garder le contrôle puis finalement se laissant porter par les créations des balles. Ce spectacle visuellement magnifique et déconcertant est à la fois une prouesse physique et également technique. On embarque ou non dans ce jeu de jonglerie qui a parcouru le monde pour faire découvrir une autre vision de cet art, où les balles se suffisent à elles-mêmes et volent seules.

Julie Sicot / atelier d'écriture journalistique

Atelier d'écriture journalistique de Court Toujours

7 jeunes journalistes en herbe ont rejoint la préparation du festival Court Toujours pour couvrir les spectacles programmés.

Ils ont rencontré et eu des entretiens téléphoniques avec certains des artistes pendant le stage encadré par Marion Valière Loudiyi (journaliste professionnelle) des 22 et 23 mai et nous livrent leurs avant papiers, sous forme d'article ou d'interviews.

Sont disponibles en ligne:

- Makadam Kanibal pour Le Cirque des curiosités ( ici et ou encore )

Bientôt disponibles:

- Anne Courpron pour N'ayons pas peur des mots
- Anne Théron et Claire Servant pour Abattoir
- Achille Grimaud pour Le Rire du Roi

Makadam Kanibal

ARTS DE LA RUE – La compagnie Makadam Kanibal présentera son Cirque des Curiosités à Court Toujours le 7 et 8 juin

Le paradoxe de l’amour cruel

Jean Alexandre Ducq, qui appartient à la compagnie Makadam Kanibal, est des créateurs du Cirque des Curiosités. Il nous livre quelques secrets de cet étonnant spectacle avant qu’il ne soit présenté, gratuitement, au festival Court Toujours le samedi 7 juin et le dimanche 8 juin à Beaulieu.

Court Toujours : Makadam Kanibal c’est assez effrayant comme nom de compagnie ! Votre spectacle est-il dévorant ?
Jean Alexandre Ducq : Le nom de la compagnie correspond à la description même du spectacle : nous sommes des cannibales et nous adorons manger les petits enfants. C’est une véritable drogue : nous essayons de nous contrôler et d’arrêter mais nous n’y parvenons pas et nous rechutons.

Votre spectacle devrait peut-être être déconseillé aux jeunes enfants et aux personnes sensibles ?
Absolument pas, le Cirque des Curiosités est ouvert à tout le monde. Mais le regard porté sur la représentation est différent selon que l’on soit un enfant ou un adulte. Finalement, les parents réagissent mal et sont plus choqués que les jeunes. On a voulu délibérément travailler sur la peur des enfants, leur faire voir la vie et ses horreurs, les sortir de leur carcan. Notre spectacle n’est pas plus violent que le Petit Chaperon Rouge ou les contes de Perrault !

Comment se présente votre Cirque des Curiosités ?
C’est une histoire d’amour cruel, l’un ne va pas sans l’autre. Il n’y a pas beaucoup de paroles, seulement des gémissements et des mots mâchés. Mais je laisse aux gens le choix de définir eux même ce spectacle.

Vous avez une formation assez atypique : vous avez fait du body art, du body suspension, ect. Tandis qu’Elodie Meissonnier s’occupait d’enfants handicapés. D’où est venue l’idée de collaborer ensemble sur ce projet ?
Cela s’est fait tout naturellement et s’est imposé comme une suite logique. Nous avons débuté par la performance pure. Mais cette fois on a choisi de raconter une histoire et de la mêler à des techniques de fakirs. Le travail d’Elodie a été nécessaire à l’élaboration du spectacle et souligne la nécessité d’être tolérant, d’accepter l’autre et ses différences.

Pourquoi rapprocher une histoire d’amour de ces techniques assez sauvages voire monstrueuses ?
Que ce soit l’amour ou le fakirisme, c’est la même chose. On ne peut ni tricher ni mentir. Soit on prend sur soi pour faire en sorte que cela fonctionne, soit on abandonne. On a cherché à travailler sur le paradoxe de l’attraction répulsion.

Vous devez susciter plusieurs réactions différentes dans le public…
Oui, certaines personnes n’hésitent pas à quitter la salle pendant la représentation. Mais c’est aussi cette interaction que l’on cherche : c’est un spectacle de rue dans lequel le public, l’environnement et l’extérieur participent.

Votre spectacle connaît un véritable succès : depuis quand tournez-vous et où avez-vous joué ?
Cela fait trois ans qu’on se produit dans toute l’Europe, en Jordanie, au Mexique, etc.

Avez-vous de nouveaux projets ?
Oui, on prépare une nouvelle création à Annecy en juillet.

Une dernière curiosité de notre part : Elodie Meissonnier et vous êtes-vous un vrai couple ?
Oui, à la vie comme à la scène.


Propos recueillis par l’équipe du festival Court Toujours

Qu'est ce que l'atelier d'écriture journalistique?

Makadam Kanibal

ART DE LA RUE – La compagnie Makadam Kanibal présentera le seul spectacle gratuit et en plein air du festival Court Toujours 2008, Le Cirque des Curiosités.

Méfiez-vous des cannibales

Les acteurs de la compagnie Makadam Kanibal, Jean Alexandre Ducq et Elodie Meissonier se sont livrés à nous dans une interview téléphonique, sans langue de bois et sans détours. Voici l’histoire d’un spectacle qui fait rire les enfants et choque parfois les plus grands.


« Moi j’ai commencé en faisant la manche avec la main» nous dit Jean Alexandre Ducq. Et puis il nous raconte ses découvertes, de cracheur de feu à fakir. Il insiste sur son expérience de la « body suspension » : « je me suis mis quatre crochets dans le dos et on m’a soulevé ». Mais après ses premières élévations corporelles, ce personnage s’est rendu compte que ce n’est pas tant la performance qui fait la force des choses. Il a alors préféré s’essayer au contrôle de soi, d’où sa passion pour le fakirisme. Et puis un jour sa route a croisé celle d’Elodie Meissonier, curieuse de toute forme de communication et humaniste convaincue, notamment dans son travail auprès d’enfants handicapés. A partir de là ces deux électrons libres sont passés du statut de « gens atypiques à un couple atypique », à la scène comme à la vie. Et à deux les idées fleurissent plus vite. Cela fait déjà trois ans qu’est né leur Cirque des curiosités. Armé d’un langage universel, celui des gromolos et des gémissements, ce spectacle a déjà parcouru toute l’Europe et s’est également promené du Mexique à la Jordanie.

N’oubliez pas vos enfants

Pourtant cette représentation de rue ne fait pas toujours l’unanimité. « Il y a toujours une ou deux familles qui partent, la croix ballante », nous confie Jean Alexandre. La représentation est en effet un jeu, toujours entre répulsion et attraction, sur fond d’amour cruel, « car on ne peut pas mentir », et de cannibalisme suggestif. Pourtant les protagonistes ne déconseilleraient pas leur création à des enfants. Ces derniers sont trop protégés selon eux et de toute façon les contes de Perrault ou du Petit Poucet ne sont pas tendres non plus avec nos chérubins. Alors faisons confiance à ce Cirque des curiosités, conservons ses divers niveaux de lecture possible et n’ayons pas peur de ces fakirs, jongleurs de haches, quelque peu bourrus et pourtant si vrais dans leurs sentiments.

Sarah Maquet


Le Cirque des curiosités sera en représentation
les samedi 7 juin à 20h40 et 22h20 et dimanche 8
à 17h30 et 18h20, place de la Mômerie à Beaulieu

Qu'est ce que l'atelier d'écriture journalistique?

En plein dans le mille!

Projecteurs éteints, une silhouette que la solitude semble déchirer apparaît. C’est bien lui, Adrien Mondot, à la tête de ce magnifique spectacle, à la fois metteur en scène et interprète. Initialement chercheur en informatique, il mêle avec brio la technologie et l’artistique avec un jeu d’illusion où le réel côtoie l’imaginaire.
Convergence 1.0 est le genre de spectacle qui vous surprend par son paradoxe. A la fois réel et virtuel, à la fois simple et complexe mais où la frontière entre les deux n’est jamais bien grande. Spectacle du jongleur qui dissimule sa solitude derrière un jeu de balles illusoire ou spectacle de l’informaticien pris au piège par la technologie et qui se renferme sur lui-même? Convergence 1.0, c’est tout ça à la fois, une perpétuelle dualité où le spectateur lutte pour distinguer le vrai du faux, les vraies balles des fausses ; en vain, car l’illusion est grande, troublante… Très vite le spectateur se trouve entraîné dans la danse qui lie l’artiste et sa balle dans une harmonie passionnelle. Il n’y a alors plus de place à la réflexion devant un tel schéma poétique où tout est possible. La balle devient ainsi partenaire de danse sur une musique de Véronika Soboljevski et la solitude semble peu à peu disparaître.
Comment ne pas évoquer la musique, étudiée pour suivre les mouvements fluides de l’artiste et les caresses du jongleur sur ses balles ? Un simple violoncelle qui devient pourtant délice pour l’ouïe.
Tout y est. Mondot est une balle rare, du gros calibre. A croire que tous les avis ne peuvent que converger devant un spectacle aussi réussi et original.

Samia Hasnaoui / Atelier d'écriture journalistique

Convergence vers l'illusion

Convergence 1.0 est un spectacle d’une heure où le jonglage et l’informatique sont au centre de la prestation. Adrien Mondot utilise ces deux matières pour une création inédite et surprenante, accompagné à la musique par Véronika Soboljevski.

Adrien Mondot est en scène, seul face au public. Tout d’un coup, il s’agite comme un fou incapable de contrôler les mouvements de son corps. Puis cette solitude se rompt, une balle de jonglage apparaît, puis deux, trois, etc, et des balles imaginaires se mêlent à ces dernières. Peu à peu le spectateur se perd dans l’ambiguïté entre le virtuel et la réalité. Toutes ces balles réagissent aux pressions du corps du jongleur et à son souffle. Un véritable affranchissement des contraintes corporelles est possible grâce à l’intervention de l’outil informatique. Les balles de jonglage prennent vie et établissent un dialogue et une danse avec le jongleur. Ainsi une réelle harmonie se dessine. Une violoncelliste est tapie dans l’ombre et sa musique suit étroitement la gestuelle du jongleur. Pour clore le spectacle, Adrien Mondot passe de l’autre côté de la toile, il est devant nous en pleine lumière ; désormais il n’y a plus rien qui s’interpose entre lui et son public. Il nous livre ses derniers tours avec des balles transparentes qui reflètent la lumière. Elles semblent léviter dans l’air. Les doigts du jongleur et les balles semblent ne faire plus qu’un.
Ce spectacle féerique et magique plaît à coup sûr aux petits et aux grands. Trois éléments essentiels en constituent la trame et contribuent à rendre encore plus vraie l’illusion : les balles de jonglage, la musique et le jeu des lumières. Néanmoins pour qu’elle soit totale, le spectateur devrait plutôt s’installer en face de la scène. En étant assis sur un des côtés, les tours sont plus visibles et le spectacle perd de sa magie et de son charme. Convergence 1.0 est bien plus qu’un numéro de cirque ou de prestidigitation. Cette représentation offre un subtil mélange de réalité et d’illusion, de compétence humaine, artistique et informatique.


Stéphanie Delaitre / Atelier d'écriture journalistique

vendredi 23 mai 2008

Balles et illusion

Comment mettre la technologie au service de la poésie ? Convergence 1.0 nous donne une piste : tout d’abord placer un voile clair sur le devant d’une scène. Puis installer un homme à l’arrière de cet espace. Un personnage silencieux, doué pour la danse et la jonglerie. Enfin inclure une violoncelliste et laisser la magie opérer. Les tableaux s’enchaînent alors. Adrien Mondot danse et devant lui apparaissent des balles, images projetées et pourtant si réelles. Rapidement on ne sait plus où se situe la frontière entre le concret et la représentativité. Comme le danseur semble parfois prisonnier d’un halo de lumière il paraît également dépassé par ses balles. Lui qui donne la vie a trois d’entre elles, se retrouve le pantin d’une myriade de projections lumineuses envahissante. Mais même menacé l’homme s’adapte. Il se saisit de ce monde virtuel, tente de le contrôler, toujours épaulé par la musique. A des instants le spectateur croit la bataille perdue. Quand, par exemple, l’illusion met en mouvement des personnages formés de balles et que le danseur paraît impuissant devant cet inquiétant ballet. Mais l’univers onirique et merveilleux de ce spectacle vient surtout du jeu perpétuel entre l’être et le crée. Notre œil, habitué à sa vision classique du monde est submergé par tant de rebondissements.
Alors un conseil : laissons-nous tous illusionner par Adrien Mondot, sans tomber dans une recherche excessive de compréhension. N’oublions pas que la magie vient toujours en premier lieu de notre capacité à la laisser nous séduire.

Sarah Maquet / atelier d'acriture journalistique de Court Toujours

Convergence 1.0 ou l'autre réalité

Un homme assis, seul, dans le silence et l’obscurité. Une pluie de balles, beaucoup de balles. Des mouvements du corps et des atmosphères sonores se succèdent. Convergence 1.0 nous transporte du calme à l’angoisse, de l’envoûtement à la peur, du réel à un autre réel informatique et lié. Liés comme le sont les éléments qui convergent devant nos sens en éveil. La bande sonore et le violoncelle servent tour à tour ces ambiances allant du pizzicato tranquille à des sons grinçants et dérangeants. Adrien Mondot joue avec ces balles, les appelle, en perd le contrôle, les fuit puis reprend le dessus. Tantôt plumes, tantôt insectes, l’interaction est belle. Le spectacle est rythmé de silences et de sons, d’ombres et de lumières, de mouvements et d’arrêts sur image, et le public tressaille d’exclamation de surprises en rires.

Le trait marquant de la création est la rencontre d’éléments numériques avec une jonglerie en harmonie avec le corps du danseur. Alors, fort de notre assurance, on se dit qu’on sera assez doué pour distinguer le virtuel du réel. Oui mais voilà, à un moment au moins, on doute. Pour les balles blanches on est sûr, ce sont des vraies ! La preuve : on a entendu du bruit lorsqu’elles ont rebondit. Et encore, si on se méfie vraiment, on pourrait bien attribuer l’effet à la bande son. Mais les balles transparentes ? Celles en verre, ou même, en cristal, elles sont vraies ou pas ? Nos yeux nous jouent des tours, et l’habileté technique de l’artiste défie la pesanteur. On est à la limite du domaine magique, les balles apparaissent, disparaissent, lévitent. Le vrai et le faux se confondent et nous perdent. Une partie des questions trouve des réponses, mais la confusion reste intacte sur certains points et la magie opère.

Pour profiter pleinement du spectacle, une vision de face est préférable, évitez-les côtés de la salle, mais ne manquez pas ce rendez-vous !


Amélie Rolle / atelier d'écriture journalistique de Court Toujours

Dans l'esprit d'une balle

Un homme seul apparaît, l’air désemparé, tentant de vouloir maîtriser des pulsions qu’il ne peut contrôler. Tel un électron libre, une balle lui surgit, puis deux, puis trois… Ces balles nous invitent dès lors, par l’intermédiaire d’Adrien Mondot témoignant d’une légèreté à fleur de peau rendue par une souplesse de la gestuelle, à nous évader et à nous plonger dans un monde où de multiples possibilités et combinaisons s’offrent à nous.

Avec des références au jeu vidéo, à l’informatique et à la science fiction, ce spectacle nous apporte une dose de fraîcheur en combinant art du cirque et effets numériques par un système de jonglage virtuel. Une musique lyrique jouée au violoncelle par Véronika Soboljevski ajoute une autre interaction avec les balles virtuelles qui semblent prendre vie et évoluer au fil des variations musicales, créant une véritable chorégraphie virtuelle.

Nos sentiments sont menés là où les balles souhaitent les mener, de la douceur à la folie en passant par la peur aux limites du cauchemar et de l’angoisse. On finit par se perdre entre la réalité et le virtuel, le faux et le vrai. Cette transcription scénique déroute le spectateur mais avec une qualité de la chorégraphie et de la musique qui nous accrochent jusqu’au bout.

Jérémy VALLADON / atelier d'écriture journalistique de Court Toujours

jeudi 22 mai 2008

L'atelier d'écriture journalistique

L'atelier d'écriture journalistique de Court Toujours a commencé aujourd'hui et se poursuit jusqu'à demain soir.

Il est encadré par Marion Valière Loudiyi, journaliste à Centre Presse.

Afin de s'essayer à la critique de spectacle, ils vont tous voir Convergence 1.0 ce soir, programmé à Beaulieu également les vendredi 23 et samedi 24 à 19h30 et dimanche 25 à 17h00.

Demain vendredi sortiront donc sur ce blog les premiers papiers de ce groupe de journalistes en herbe qui suivront Court Toujours d'un oeil critique...

un groupe à suivre pour Court Toujours...sur ce blog.

Myriam.

mardi 20 mai 2008

Une table thématique à la médiathèque

Court Toujours, le festival de formes brèves, est placé cette année sous le signe du « monstrueux ».

Une programmation qui présente des monstres en tous genres, difformes, spectaculaires, fantastiques,
ou monstres du quotidien, ordinaires,

métamorphosés, hybrides, surnaturels,
extrême laideur, beauté sublime,
êtres transfigurés, transformés, transsexuels, transcendés vers d’autres sphères…

Des spectacles qui réveillent nos angoisses, peurs enfouies, peur du monstre qui est en chacun de nous, étranger effrayant, inquiétante étrangeté.

…monstres d’hier et monstres d’aujourd’hui, monstres à montrer et monstres à cacher…



A partir du 26 mai vous trouverez une sélection d’ouvrages qui concernent la thématique du monstrueux, à la médiathèque de Poitiers.

Monstrez-vous les 6, 7 et 8 juin à Beaulieu !

lundi 19 mai 2008

mardi 13 mai 2008


photo: Anaïs Gerbaud

Photo: Anaïs Gerbaud

Paradoxes

Jeudi 8 mai (14h30)

Début du spectacle, on est tout de suite mis dans l'ambiance. Si on n'a rien lu sur ce qu'on va voir, on sait bientôt que c'est l'usine et non un lieu de vie qui est mis en scène. Ici on ne vit pas, on tue. Les bêtes meurent, les hommes survivent, résistent.
Dès la première seconde l'ambiance est là. Atmosphère pesante, lourde, met mal à l'aise. On est oppressé par la respiration amplifiée des personnages, leur souffle pesant. Un souffle de vie muet mais qui hurle la monstruosité de l'abattoir.
Depuis la dernière fois des bruits d'usine, grinçants et effrayants ont été rajoutés. Ils amplifient encore la violence du spectacle.
Beauté plastique, photographies à saisir dans l'instant, dans la dynamique des mouvements des comédiens, dans la fluidité du texte… Cassants, saccadés, les mots sont pourtant douloureux, la vie à l'usine est routine mais chaque mot il faut le sortir, en exorciser la souffrance, le prononcer. Comme chaque mouvement de la chaîne d'abattage le mot est dur, répétitif mais pénible. Chaque fois il est plus difficile. Alors parfois il faut aller au-delà du monocorde, parfois on ne peut retenir le trop-plein, rester un robot, "des bras et des jambes", et alors on se révolte, on explose, on se vide, on passe de l'autre côté, "du côté des ouvrières"… Alors on craque, comme les corps et les articulations, qui n'en pouvant plus de subir, craquent aussi.
Le travail de comédien est incroyable: une parole, des mouvements étrangers au départ sont si bien intégrés dans les membres et dans la bouche qu'ils sortent naturellement, sans effort. On ne voit que les personnages.
Lorsqu'Anne Théron fait travailler les saluts, elle insiste sur les faisceaux, le rectiligne, le cadre mécanique, industriel à tenir jusqu'au bout. L'usine c'est ça: des machines, des hommes-machines qui résistent et finissent par redevenir humains, dans la douleur. A l'abattoir même les bêtes crient, gueulent pour ne pas devenir de simples objets, pour que les hommes ne se transforment pas en machines à tuer.
Paradoxes… A mi-chemin entre bestialité et humanité, transgression de la condition,
transgression entre la vie et la mort, agression de la chair…
Paradoxes, entre la folie des cadences, la vitesse toujours accentuée des mouvements et de la lenteur du jeu et des corps mus. Comme s'il fallait mettre cette vie au ralenti pour la saisir vraiment dans son horreur…
Paradoxes entre la douleur et la gaieté des musiques choisies… Ironie ou exutoire?

Auteur-témoin: Anaïs Gerbaud

mardi 22 avril 2008

C'est ça qu'est terrible avec les adultes...

...c'est de voir à quel point c'est des enfants qui ont arrêté. Arrêté de dessiner, arrêté d'écrire, arrêté de chanter, arrêté de jouer, arrêté de regarder, arrêté d'associer, arrêté tout...

Le problème, c'est la famille. L'organisation sociale fondée sur la famille. Le mariage. Au lieu de l'individu. Et l'hétérosexualité comme régime politique, comme dit Monique Wittig.

Bon, un peu d'histoire. Dans l'ancienne société, la société de castes, fondée sur la naissance, la société aristocratique, féodale, royale, etc. il y avait, quoi? 98% de paysans. Une bourgeoisie minime. Une aristocratie double, guerrière, liée au corps, et civile, de robe, de parole, les scribes nécessaires pour faire marcher une petite machine d'État, et qui, bon, sont coupables de l'univers ignoble dans lequel nous nous trouvons, puisque ce sont eux qui ont fait prévaloir le discours sur le réel, l'esprit sur le corps, etc.

L'ancien régime était un cauchemar, mais c'était un cauchemar physique. Après ça, c'est le 19e siècle, construit sur l'utilisation de ce qu'on va appeler la classe ouvrière, c'est vraiment le siècle de l'immoralité, de l'homme (vu comme) moyen et pas fin. Et les moyens, on les met puisque l'Occident se recouvre d'usines et de cités ouvrières où tout est fliqué, moralisé, administré. Bon.
Dans ces conditions, le nazisme et les années 50 peuvent et doivent être analysés comme le double aboutissement du rêve de civilisation de la bourgeoisie chrétienne européenne. Dans le nazisme, il s'agit d'un côté, de maintenir la masse dans l'ignorance, puisque telle est la condition du pouvoir sur elle, et de l'autre, de créer une sur-classe, sur-humaine. Alors ça, évidemment la bourgeoisie du 19` siècle ne s'y était pas tellement collée, vu qu'elle avait préféré cultiver son gros bide que de créer une surhumanité sportive, sauf en ce qui concerne la bourgeoisie anglaise, mais la bourgeoisie anglaise a des liens très particuliers avec l'aristocratie qui lui a légué une culture de la guerre remodelée sous forme de culture du sport.

Bon, bref, on s'en fout. Tout ça pour dire que, bon, les années 50, c'est aussi le nazisme, c'est un ordre policier et totalitaire, un ordre moral, c'est-à-dire que tout le monde est bien sage, à l'école, à l'usine, au bureau, à la messe, le dimanche, et que rien, rien ne bouge. Les fous, on les enferme, et comme ça, on n'a pas de problème.

Guillaume Dustan
extrait de Génie Divin, 2001

POURQUOI DONC J'AI POSTE CE TEXTE?

Je me suis posé cette question quelques jours après l'avoir mis, alors je dois retrouver le lien obscur qui pendant un instant a éclairé mon esprit pour que je le mette en rapport avec le spectacle de Steven Cohen, DANCING INSIDE OUT.

C'est la rencontre avec cet écrivain, Guillaume Dustan, qui m'a fait penser au travail de Steven Cohen. Tous deux sont replacent leur homosexualité dans une lutte politique. Tous deux considèrent leur intimité comme politique. Tous deux recherchent l'anti-conformisme et la provocation, pour faire avancer les idées.
Venant de Wharhol, de Duras, de Céline, Guillaume Dustan a expérimenté et inventé des formes où littérature et vie s'entremêlent.

Merde à la dictature du Vrai Roman, dans sa version de droite (classique avec un héros jeune et beau), ou de gauche (expérimental avec des chaises), analogon dans le ciel des idées de la dictature hétérosexuelle réelle. (...) Moi aussi j'avais essayé de faire de la Vraie littérature. Echec total. Alors que je n'arrivais pas à comprendre ma propre vie, comment est-ce que je pouvais passer mon temps à raconter celle de gens que je ne connaissais même pas.
Guillaume Dustan, Nicolas Pages.

Myriam Prévost

Personnalités kaléidoscopiques

"Le métissage des arts est aujourd’hui largement répandu, voire généralisé. Il devient une source de créativité, et d’une certaine façon l’essence de cette exposition contemporaine des corps. […]

Il nous est apparu que les créations contemporaines donnent à voir « l’inquiétante étrangeté » des corps, quelque chose de l’ordre de la barbarie, c’est-à-dire ce qui stigmatise notre peur de l’Autre, le différent, l’étranger, le monstrueux.

En effet, la spécificité de cette gestuelle contemporaine consiste à dévoiler plusieurs univers dans un même corps et reformule à sa façon cette grande question : comment ces êtres « barbares-inarticulés » que nous sommes, dans une tentative souvent dérisoire, s’emploient-ils à reconquérir leur unité perdue ? Les mises en scène des corps jouent avec les différences morphologiques en perturbant nos attentes quand à l’apparence : elles orchestrent l’altérité radicale, ce qui me coupe de l’Autre, ce qui le rend étrange et donc étranger.

La création artistique renvoie l’artiste à une mise en abîme et apparaît alors en scène une tentative de définition d’une identité complexe. Prenons comme exemple la démarche des circassiennes contemporaines : celles-ci questionnent et récusent la définition « traditionnelle » de la femme et de son rapport au masculin, ce qui en fait leur motif principal d’engagement artistique. […]

Le cirque traditionnel donne à voir des corps hypersexualisés, comme ceux des artistes femmes dans les spectacles d’Arlette Gruss : elles portent talons hauts, string et adoptent une posture toujours identique valorisant leur plastique. […]

Dans le cirque contemporain, par contre, la complexification de la construction de l’identité féminine se manifeste par l’émergence de nouvelles formes issues d’un métissage des genres masculin et féminin : l’androgyne et l’hermaphrodite. […]

Les productions de cirque « contemporain » donnent donc à voir des corps différents, des corps débordants, reflets de personnalités kaléidoscopiques. […]

Le cirque contemporain, créateur d’images nouvelles devient le théâtre d’expressions personnelles, où les circassiennes s’émancipent de l’ordre institué et transmis dans le cirque traditionnel, questionnant et récusant une définition univoque de la féminité et de son rapport au masculin.

De même, en danse contemporaine, le corps convoqué n’obéit plus à l’injonction d’un corps classique idéal, maîtrisé et triomphant, sorte de marionnette virtuose, mais il se fait l’écho de nos interrogations contemporaines sur le masculin-féminin, les souffrances de la sexualité, la vie/la mort, le sérieux et la drôlerie, l’indifférence et la différence.

La danse contemporaine fait varier nos mises en scène identitaires en autorisant l’expression des valeurs antagonistes qui nous fondent. Le danseur peut alors expérimenter l’Autre en soi en fouillant dans la « pluralité de ses masques » (Caillois R., 1950) pour mettre en scène l’ambiguïté et la pluralité des êtres qui nous habitent : l’androgyne (être ni homme ni femme), l’hermaphrodite (être homme et femme à la fois), le monstre (mi-homme, mi-bête), le démoniaque (mi-dieu, mi-homme). "

Betty Lefèvre et Magali Sizorn
Métissages dans les productions circassiennes et chorégraphiques contemporaines (Extrait)

texte en entier disponible ici

mardi 15 avril 2008

Quelques diversions sur l'art sonore...


Toutes les influences que je placerai sous l'appellation d’Art sonore, se regroupent, se dégroupent, se croisent, se construisent les unes en rapport avec les autres, voudraient déconstruire les autres, s’opposent et se lient, se transforment, se multiplient et se reproduisent entre elles…
Bon alors concrètement, c’est quoi l’Art Sonore ?
Ces mots, désignations de sous-genre, courant, mode, recherches, peuvent déjà résonner chez nous :

En vrac : poésie sonore, musique concrète, musique industrielle, musique bruitiste ou noise pour les anglophones (mais est ce que ça désigne bien la même chose ?), musique acoustique, électroacoustique, musique acousmatique, sérialisme, création radiophonique, musique électronique, le paysage sonore (field recording), musique contemporaine, musique expérimentale, installation sonore, sculpture sonore… et les anglophones aiment à parler d’ « avant-garde ».
Bon ça complexifie peut-être les choses, d’accord.

L’art sonore est un genre qui flirte avec les frontières de la définition courante, reconnue de la « musique », et qui brouille les pistes. La musique n’est pas forcément quelque chose d’agréable à l’oreille, puisque la définition même de l’agréable diffère selon les individus. La musique ne contient pas en elle-même une structure ou des codes. Tout est donc permis. Tout ce qui peut être entendu, peut être placé sous un traitement musical, ce qui signifie : enregistré, amplifié, pointé, cadré : entre le réel et le récepteur, il y aurait un média. Un dispositif qui semble « montrer », en tous cas, « faire écouter » ce son. Le bruit d’une voiture reste celui d’une voiture quand rien ne le met en avant. Si on l’amplifie, si on le retransmet, en direct ou non, à l’aide d’un dispositif technique dans un endroit où il est improbable d’entendre une voiture, alors ça deviendra un son.

Donc l’art sonore s’est beaucoup inspiré des sons de notre environnement réel. De la poésie des mots. Des sons autres que ceux d’instruments classiques. Des sons électroniques. Il cite, il colle, monte, inverse, met en boucle, transpose, détourne, échantillonne, compresse, gèle, réverbère, produit des échos, des délais, des filtrages, mixe, accumule.

Mais c’est plutôt bien de découvrir l’art sonore en écoutant aussi : John Cage, Pierre Schaeffer, Pierre Henry et Luc Ferrari dont j’ai déjà parlé sont les plus connus (et donc les plus vieux). Vous pouvez les écouter sur Ubuweb.

Pour Court Toujours nous aurons une création sonore en plein mouvement avec David Jisse, Jean-François Pauvros et Charles Pennequin, Ars Nova, Alexandros Markéas. Voir la programmation.

Myriam Prévost

lundi 31 mars 2008

La femme au sol



La femme au sol. Au départ, une musique qui installe quelque chose de doux, répétitif, mélancolique. La femme entre en scène, avance vers nous, se déchausse, s'assoit et commence sa danse au sol. Toujours les mêmes mouvements, repris en quart de tour. Tout du long, elle parlera de la dureté de son travail à l'abattoir. Les problèmes physiques, les douleurs dues aux mouvements répétitifs du travail à la chaîne. La détresse morale dans un contexte où il n'existe pas d'autres perspectives de travail. Il y a quelque chose de captivant dans cette juxtaposition. Une femme d'une grâce presque lascive, au ton monotone, sans affect nous raconte un quotidien d'une grande rudesse. Ca s'installe peu à peu. D'abord on est pris par la musique, puis on entre dans le mouvement du corps, les mots nous bercent presque puis on entend. Notre estomac se serre peu à peu. On a froid . Ce qui se passe devant nous est terrible. C'est un être l'on broye. On ne sort pas intact d'abattoir.

Montage libre d'une séquence de "la femme au sol" à partir des répétitions d'Abattoir, création théâtre et danse, de Anne Théron et Claire Servant pour le festival "court toujours " à Poitiers en juin 2008.

réalisation: Emmanuelle Baud

L'os doit être à blanc

Un mois est passé, exactement.
Les gestes sont aussi douloureux et je retrouve mes articulations douloureuses. L’habitude est prise : griffe, mort, saigne, la viande secouée de spasmes et de mots ne faiblit pas. Mais le mal est là encore, courbature sans queue ni tête, mélodie intime de la souffrance comme mode de vie, entre répétition et rythmes précis.
L’os doit être à blanc, la viande restera à la viande.
Esther a froid et sa voix monte les marches de la violence accumulée, jusqu’à l’os. Les deux autres épais ont leur texte non seulement dans la bouche mais aussi dans le corps, sans apprêt. Claire a sûrement tracé et poli chaque recoin, avec ses consignes en forme de questions. On sent que le cuir des mots colle au squelette du texte et des muscles, gaine bien ajustée qui se voit à peine. Encore quelques heures et rien ne sera visible de l’artifice comédien.
L’épure a fonctionné, le filage terminé réouvre les discussions. Les épais racontent leur voyage de trente minutes, tentant de dire encore, de vérifier, d’affiner le récit de leurs sensations, de commenter l’effet des consignes enfin validées par l’action. Au milieu des cigarettes qui se préparent, quelques rires et des colloques à petits groupes. Les spectateurs sont un peu nombreux ce soir, un peu plus que les témoins habituels. Il y aura du vin à boire.
Un mois plus tard, après du temps et du travail, Abattoir sent le dur encore mou par endroits, avec de petites flopés d’à peu près et des justesses en place, des presque sûrs. Le son se plie dans les bonnes encoches, rugit à propos, s’envole à temps. Nos regards de mouettes alignées dans les fauteuils du futur public sont pour ceux qui parlent, puis se parlent une fois le filage terminé. La grande cage blême des plastiques pendus a toujours sa teinte de méduse. En fait l’exacte couleur de membranes luisantes et fine de l’envers de la peau d’un lapin que l’on écorche. L’exacte couleur.
Et la pénombre douce qui gomme et arrondit allume des envies dans les mots échangés. Le théâtre s’éteint un peu jusqu’ à demain, quand les épais viendront rallumer les noirceurs du plateau en mille mots croisés, ordinaires révoltes, répétées, attendries.

Auteur-témoin: Denis Reserbat-Plantey

"Image magnifique"

Vendredi 28 mars - 16h

J’arrive, réunion entre acteurs et metteurs en scène/techniciens.
Anne Théron parle d’une image magnifique créée par le personnage féminin, les rideaux de plastique blanc et le halo de lumière rouge. Je réalise alors que l’on peut relever plusieurs images, des images fixes, hors du temps mais dont une seule pourrait suffire à incarner LA beauté. Un spectacle est un ensemble, il peut être beau mais ces images sont ponctuelles et furtives, elles nous échappent aussitôt, ce qui les rend encore plus belles.
Des photographies belles absolument, d’une beauté si particulière dans cette mise en scène : c’est une beauté plastique, claire-obscure et froide, violente. Dans Abattoir la beauté est d’une violence qui nous abasourdit. Beauté, amertume, brutalité, pesanteur latente qui peut exploser à tout moment… L’horreur du texte, des histoires et subie par les corps se rend belle… ? C’est monstrueux me direz-vous… Oui c’est monstrueux parce que c’est beau, et c’est beau parce que c’est monstrueux…
Au moment où on en arrive à ressentir ça, on se surprend à
Avoir des frissons
Respirer profondément
Avoir envie de pleurer, crier
Envie de penser que ce n’est que du théâtre…
Finalement on choisit le doute, l’ambiguïté.

Auteur-témoin: Anaïs Gerbaud