mercredi 26 mars 2008

What a wonderful world...

Le rideau de plastique blanc forme maintenant un U, fond de scène et côtés plateau. ¾ d’une boîte de quelques m².
Le noir, trois points de lumière dans la boîte. Dans ces points de lumière, les comédiens agenouillés, qui tombent au sol, se relèvent, retombent, dans un mouvement continu qui vient rythmer la parole. Régis parle. Du désossage des bêtes. De ses propres os qui trinquent.
Puis à nouveau, noir.
La lumière revient sur Edith qui se relève, sort péniblement en fond de scène, et reparaît à travers le rideau, éclairée comme une chanteuse de Music-Hall. D’ailleurs, on entend une musique. Douce, nonchalante.
Elle avance sur la scène, on la voit à contre-jour. Ça parle de blessures, encore. Puis Christophe enchaîne sur les cadences toujours plus effrénées, sur la « fuite en avant ». Il est derrière le rideau, flouté. L’ombre d’Edith est toujours en avant-scène, les cheveux dans le visage, les cheveux qui retombent sur le visage.
Le son : l’écho métallique des corps qui tombent, des respirations. Des gouttes d’eau. Les voix au micro, leur réverbe. Et, une fois le plateau nu, « What a wonderful world », la voix chaude et profonde de Ray Charles.

Trois tâches d’une faible lumière qui apparaissent dans le noir. Des silhouettes sombres qui se redressent, qui sont en train de se redresser. C’est d’abord leur dos qui est éclairé, puis leur tête, le crâne et enfin le visage. La tâche de lumière dessine le sombre des vêtements, la clarté de la peau. Trois silhouettes à genoux qui marquent un temps de suspension, mains sur les cuisses, regard droit et vide, avant de basculer encore, de plus en plus, jusqu’à la chute. Lourde et fatiguée. Et se relèvent, encore, à nouveau dos, tête, visage, lumière pâle sur la peau. Un bruit de fond bourdonnant, lourd, opaque. Le bruit des chutes, des chutes des corps sur le bois du plateau. La respiration et la voix, monocorde, qui accompagnent les corps.
Un halo sur les corps fatigués. Un halo sur la peau.

Auteur-témoin: Véronique H.

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