mardi 26 février 2008

trop poli pour être vrai...

mercredi 20 février – 16h30

1ères impressions:

Un comédien marche en fond de scène, les cent pas, derrière un rideau de plastique blanc. Une marche un peu lourde, lente, rythmée, dans un couloir de lumière. Il parle comme un petit garçon. Il parle du travail à la chaîne.

Le même texte. Essai avec une douche au milieu du plateau, lumière froide, l'homme assis sur une chaise. Cut noir au bout de quelques phrases. Ça marche très bien. Comme une interview de cet ouvrier. Par contre, la suite du texte, dans la même disposition, c'est moins bien. Trop long, trop statique.
Nouvel essai avec plusieurs cut noir pendant le texte, et léger changement de position de Christophe à chaque noir. Bonne piste.

Ils sont tous sur scène: comédiens, metteuses en scène. À discuter d'un détail technique. Des silhouettes sombres dos à nous. Et puis, une voix parle. Une voix féminine, qui raconte les souffrances de l'abattoir. Et une musique. C'est beau, tout ce décalage: la musique, l'abattoir et les ombres sur une scène de théâtre. Plein de richesses. À leur insu.

La même voix, la même musique. Mais cette fois c'est la scène qui se déroule: une lumière rouge sur le rideau de plastique, et une silhouette féminine derrière, dont on devine la peau nue, des jambes, du visage. Une peau floue et déformée derrière le rideau, et rouge dans la lumière. La silhouette se déplace, passe à travers le rideau. Une femme se présente devant nous, dans la lumière blanche des néons. Elle porte une courte robe noire. Plus tard, elle dansera au sol, des gestes répétitifs et de plus en plus las.
Ça ne va pas. C'est beau, décalé par rapport à ce qu'on entend, à ce que la voix raconte, le travail à l'usine, le corps qui s'use, qui trinque, et ça ne marche pas... Trop esthétique, trop poli, le corps d'une danseuse en scène n'est certainement pas celui d'une ouvrière à l'usine, en tout cas pas dans les codes corporels qui lui sont familiers. Ça pourrait se rejoindre mais ça ne se rejoint pas. Ça ne rend pas la force et la violence de ce qui est dit.
Je m'étais déjà dit ça lors d'une performance dans une manufacture de textile, en Russie. On ne peut pas se permettre d'être esthétique dans un tel environnement. Sinon, l'art n'est pas à la hauteur. Il devient fade comparé à la vie. Un peu ridicule même.


Jeudi 21 février – 17h45

Pleins feux dans la salle. L'équipe se prépare pour filer une partie du spectacle. Du monde dans la salle, des témoins, une dizaine.

Ça commence par les bruits de l'usine. Forts. Les néons intermittents. Entrée public.
Puis, l'Homme assis, en silence, sous la douche. Longtemps. C'est une image forte.
Et puis, le texte arrive. On revoit les scènes travaillées la veille, et d'autres. La danse d'Edith au sol a évolué. Les gestes sont plus fatigués, plus lascifs. Du coup ça marche mieux.
Les transitions sont encore incertaines, la place des comédiens dans la lumière pas toujours juste (mais on en est qu'au 4 ème jour de travail). Tout ce qui touche à une chorégraphie commune a besoin d'être travaillé. Pour que ce ne soit pas petit, anecdotique ou illustratif, mais à la hauteur du texte qui décidément, est extrêmement fort et percutant.

Véronique H.

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