lundi 31 mars 2008

Immersion... Jeudi 27 mars

Aujourd'hui, ça y est, je vois vraiment une partie du spectacle, avec les acteurs-danseurs, les lumières… Beaux effets de lumière: elle s'exprime tantôt sous une douche, tantôt en dehors. Un personnage est éclairé derrière un rideau. Je suis captivée, happée par ce qui se trame, je scrute, je passe mon temps à relever les effets recherchés. Ils paraissent toujours naturels au spectateur, et pourtant je sais qu'ils représentent des heures de travail…

Entre et autour de ces rideaux blancs,
Des corps meurtris, affligés de la souffrance de cet abattoir, au fond une souffrance unique transparaît, comme la lumière rouge qui perce derrière le rideau: animale ou humaine, il s'agit toujours d'un désossage, de carcasses lourdes et presque inanimées.
Les corps flanchent, la chair est blessée en son cœur, quand l'un reste debout c'est par révolte, explosion de haine. On se retrouve aussi affligé par cette masse trop pesante, cette sensation pénible. Une affliction au cœur, à l'âme et au corps que tous partagent: bêtes, personnages, spectateurs. Immersion dans la douleur exposée, elle éclate violemment au grand jour.
Les corps se relèvent mais
Les corps chutent à nouveau
Les corps se meuvent difficilement, dans les mouvements de danse on perçoit tout de même des résistances d'humanité. Perdue, retrouvée en partie…
Des corps titubent, vacillent... Ces personnages sont paumés, abrutis de cette monstruosité qui les blesse, les assassine peu à peu, marqués de transgression.

La monstruosité est bien là: des âmes qui perdent leur humanité, des esprits qui deviennent fous, des corps qui subissent la même douleur que les bêtes, sauf que les humains eux ne sont jamais abattus complètement, ils doivent se lever tous les jours pour aller à l'abattoir…

Immersion dans la monstruosité d'un abattoir…
Des corps humains et animaux mêlés, où l'abattage ne s'arrête jamais, il faut toujours couper "le cuir", gratter la peau, arracher la chair… Qu'y a-t-il derrière la chair, que reste-t-il dans les corps déjà mutilés?
Je m'extrais difficilement, je dois partir prendre mon bus, il faut vite se laver de cette noirceur, sortir de cette douleur.

Auteur-Témoin: Anaïs Gerbaud

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